
La catastrophe budgétaire que subissent de nombreuses universités, avant même qu’ait été annoncée leur dotation annuelle pour 2014, n’est pas le fruit de la crise économique, contrairement à ce qu’assènent tous les discours « réalistes » tenus par les nouveaux managers de l’enseignement supérieur et de la recherche. Elle est la conséquence logique d’une politique élaborée par le précédent gouvernement et que le suivant a suivie avec une fidélité proprement admirable.
L’autonomie ou le droit de se serrer soi-même la ceinture
En quatre ans, le désengagement de l’État vis-à-vis des universités, inscrit dans la loi LRU et les Responsabilités et Compétences Élargies qui accroissent le périmètre des missions des universités et leur confèrent la charge de la masse salariale sans tenir compte de tout un ensemble de coûts induits (notamment l’évolution de cette masse salariale), a contraint les universités à mettre en place elles-mêmes une politique d’austérité(...) Chacun en fait le bilan à son échelle, dans son département, son UFR, son laboratoire, son université. Les quelques variations d’un endroit à l’autre ne masquent pas combien les ressemblances l’emportent, car ce sont bien les logiques structurelles d’une politique mise en place à l’échelle nationale qui sont responsables de la situation actuelle, (...)
part considérable des 1000 postes annuels annoncés en fanfare ne sera jamais publiée, la masse salariale correspondante étant détournée par les établissements pour perfuser leurs finances exsangues. Non seulement aucune avancée n’a été réalisée en faveur des très nombreux précaires de l’ESR, mais, l’organisation de la recherche restant la même, la précarité ne peut, structurellement, que continuer à augmenter.
Et pour prendre soin de la précarité, précarisons davantage les plus précaires ! Ceux qui ne font pas partie des « bons étrangers » (entendez ceux qui viennent de l’Union européenne ou qui ont de l’argent), ne sont pas les bienvenus, comme le montre la volonté d’écarter les étudiants non européens du CAFEP, ne leur laissant pour seul avenir que des contrats précaires et non de réels postes dans l’enseignement privé. C’est là sans doute agir avec « humanité », selon la formule employée par G. Fioraso à propos d’une affaire récente d’expulsion (France Culture, journal de 13h, 17 octobre 2013)… (...)
Nul changement non plus sur les questions d’évaluation, et pour cause : l’évaluation est le moyen d’une politique de normalisation, de soumission, d’exclusion et de mise en concurrence des individus qui concerne l’ensemble des personnels universitaires et de recherche. Elle constitue en outre la pierre angulaire d’une gestion des traitements par les primes et non par le salaire. (...)