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Mediapart
Sarkozy perd sa Légion d’honneur, effroi chez Les Républicains
#Sarkozy #legiondhonneur
Article mis en ligne le 15 juin 2025

Premier président de la Ve République condamné pour corruption, Nicolas Sarkozy a fini par être exclu des ordres nationaux, comme le droit l’impose. Son ancien parti n’a pas tardé à dénoncer une décision « honteuse ».

Les pressions exercées de toutes parts, y compris au sommet de l’État, n’auront pas suffi à extirper Nicolas Sarkozy de la règle commune. L’ancien chef de l’État, premier président de la Ve République à avoir été définitivement reconnu coupable de corruption – dans l’affaire Bismuth –, a été exclu des ordres nationaux – Légion d’honneur et ordre national du Mérite – par un arrêté paru dimanche 15 juin au Journal officiel.

Cette sanction est automatique pour toute personne condamnée à une peine d’un an de prison ou plus – ce qui est le cas de Nicolas Sarkozy, condamné à trois ans de prison, dont un ferme. Mais au mois d’avril, Emmanuel Macron avait publiquement mis la pression au grand chancelier François Lecointre afin qu’il épargne son prédécesseur, au nom du « respect » dû à l’ancien président de la République.

S’exprimant devant plusieurs journalistes, le chef de l’État avait considéré que le retrait de la Légion d’honneur « ne serait pas une bonne décision », avant d’affirmer que « le grand chancelier [était] en train de regarder quelles sont ses marges de manœuvre » pour ne pas sanctionner Nicolas Sarkozy.

Pour finir, le général Lecointre n’a pas flanché, provoquant immédiatement des cris d’orfraie à droite. « C’est une règle, mais c’est aussi une honte pour un président qui ne le mérite pas », a immédiatement commenté le secrétaire général du parti Les Républicains (LR) Othman Nasrou, dimanche 15 juin, sur France Info. Avant de se rassurer sur le fait que cette décision « n’enlève rien à l’estime que beaucoup de Français continuent de porter à Nicolas Sarkozy ». (...)

Le 1er juin, ce fut au tour d’une autre tête de l’exécutif de monter au créneau pour défendre l’ancien président de la République. « J’ai beaucoup appris auprès de Nicolas Sarkozy, j’ai une grande admiration pour lui », a déclaré dans l’émission « Une ambition intime » de M6 le ministre de la justice Gérald Darmanin, qui fut son porte-parole lors de la primaire de 2016. Deux jours plus tard, l’actuel garde des Sceaux appelait, au journal de 20 heures de TF1, à plus de fermeté dans l’exécution des peines, en proposant notamment de « supprimer le sursis, dès la première condamnation ».

Définitivement condamné dans l’affaire Bismuth, Nicolas Sarkozy est dans l’attente d’une décision de la Cour de cassation dans l’affaire Bygmalion – financement illégal de sa campagne présidentielle 2012 –, dans laquelle il a été condamné en première instance puis en appel à un an de prison, dont six mois avec sursis.

L’ancien président de la République a aussi été jugé pendant trois mois dans l’affaire Kadhafi par le tribunal de Paris, qui doit rendre son jugement le 25 septembre. Il est enfin mis en examen, risquant donc d’être jugé, dans l’affaire de la fausse rétractation de l’homme d’affaires libanais Ziad Takieddine, témoin gênant que le clan Sarkozy a tenté de retourner en pleine enquête sur les financements libyens. (...)

Contestant un argument qui vise à « accorder aux élus une forme d’immunité, en contradiction avec le principe d’égalité devant la loi, qui est pourtant l’un des piliers de notre démocratie », les ONG Anticor et Transparency International France avaient riposté par une pétition, lancée le 14 mai.

Les deux associations estiment que « la Légion d’honneur, plus haute distinction nationale, doit demeurer un symbole d’intégrité et d’exemplarité », et « son maintien pour une personne condamnée pour corruption envoie un signal désastreux à la société tout entière ». À ce jour, le texte a rassemblé plus de 81 000 signatures sur la plateforme participative Change.org.

Plusieurs descendants de récipiendaires de la Légion d’honneur, à l’instar de l’ancien député écologiste Julien Bayou, avaient aussi déposé un recours devant le tribunal administratif pour forcer la main de la grande chancellerie, dans le cas où elle ne prendrait pas ses responsabilités.

Cette action ne sera finalement pas nécessaire. Outre l’exclusion de Nicolas Sarkozy, figurent aussi au Journal officiel du 15 juin les radiations de l’ancien magistrat Gilbert Azibert et de son avocat Thierry Herzog – tous deux condamnés avec lui dans l’affaire Bismuth –, mais aussi de son ancien super préfet Alain Gardère, lui aussi condamné dans une autre affaire de corruption.