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France24
Santé mentale : les déplacés de Gaza confrontés à l’impossibilité de "retrouver leur vie d’avant"
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #santementale
Article mis en ligne le 1er février 2025
dernière modification le 31 janvier 2025

Les déplacés de retour dans le nord de Gaza n’ont retrouvé sur place qu’un paysage apocalyptique. Katrin Glatz Brubakk, psychologue en poste à Gaza, dit craindre "une hausse des problèmes de santé mentale" de cette population qui espérait renouer avec sa vie d’avant-guerre.

Selon les autorités locales, près de 500 000 Palestiniens déplacés par la guerre dans la bande de Gaza sont rentrés chez eux depuis lundi 27 janvier, dans le secteur nord du territoire côtier, à la faveur de l’accord sur une trêve entre Israël et le Hamas, signé le 19 janvier.

Sur place, ils ont découvert l’ampleur des destructions provoquées par les bombardements israéliens après plus de 15 mois de guerre déclenchée par les attaques terroristes du Hamas et ses alliés sur le sol israélien, le 7 octobre 2023.

Selon le chef du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), Achim Steiner, ’"entre 65 % et 70 % des bâtiments ont été entièrement détruits ou endommagés" par la guerre. (...)

En plus des habitations détruites, les routes et les infrastructures civiles sont dans un état désastreux, et le territoire plongé dans une grave crise humanitaire et sanitaire. D’après l’ONU, le niveau de ces destructions est "sans précédent dans l’histoire récente".

Ce retour dans un paysage apocalyptique n’est pas sans conséquence sur la santé mentale de la population, déjà traumatisée par des bombardements incessants, estime Katrin Glatz Brubakk, psychologue norvégienne à Médecins sans frontières, actuellement en poste à l’hôpital Nasser, à Gaza. Elle dit craindre "une hausse des problèmes de santé mentale" au sein d’une population qui espérait, avant d’être confrontée à la réalité, renouer avec sa vie d’avant.

Yinka Oyetade, de la chaîne anglophone de France 24, a recueilli son témoignage. (...)

Katrin Glatz Brubakk (...)

La plupart des immeubles du nord de Gaza ayant été détruits, ils se demandent où ils vont vivre. Certains de ceux qui sont retournés sur place cherchent leurs proches toujours ensevelis sous les décombres. Des personnes qui ont tout perdu essaient de trouver dans les ruines de petits morceaux qui pourraient les relier à leur ancienne vie. Un collègue qui venait de rentrer dans le Nord m’a montré une photo de sa maison détruite. Sur place, il a retrouvé une bouilloire intacte. Il m’a dit que même si c’était la seule chose qu’il a pu récupérer, cette bouilloire incarne à ses yeux le souvenir de sa vie passée. Parce que lorsque vous avez tout perdu, le moindre petit morceau que vous parvenez à sauver prend de la valeur. (...)

Je crains que nous assistions à une hausse des problèmes de santé mentale, en partie parce que, jusqu’ici, les habitants étaient focalisés sur les moyens de survivre et des problématiques quotidiennes comme trouver de l’eau et de la nourriture pour leurs enfants. Désormais, le fait d’avoir vu s’évanouir leur petit espoir de retour à une vie normale va provoquer, je pense, une très forte augmentation des syndromes traumatiques et des cas de dépression et d’anxiété. (...)

En tant que psychologue, on aimerait bien sûr offrir beaucoup plus que ce que le contexte permet. Il y a tellement d’incertitudes qu’on ne peut pas offrir les traitements adéquats dont les habitants ont besoin, contre les traumatismes auxquels ils ont été exposés en continu pendant quinze mois. Des gens m’ont confié que durant cette période, ils avaient peur d’aller se coucher parce qu’ils ne savaient pas s’ils allaient se réveiller vivants. Des parents sont allés au travail sans savoir s’ils verraient leurs enfants vivants à leur retour, parce que personne ne savait où les bombes allaient tomber. Ce que nous pouvons faire de notre côté, c’est renforcer la résilience. En particulier celle des enfants, en leur offrant des moments de joie, une pause pendant laquelle ils peuvent oublier toutes leurs inquiétudes et les traumatismes subis. Et aussi les aider à réguler leur système nerveux, qui est très tendu. Parce que si nous ne le faisons pas, nous savons que cela peut se transformer en maladies chroniques et nuire à leur développement pour les années à venir. (...)

Tout ce qui contribue à réduire l’aide à Gaza pose un énorme problème et nous inquiète beaucoup. (...)