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« Salles de shoot » : un progrès pour la santé publique et la sécurité
#drogues
Article mis en ligne le 19 août 2024
dernière modification le 17 août 2024

Pour l’écriture d’un reportage en BD consacré à un sujet largement méconnu : les salles de consommation à moindre risque pour usagers de drogues (plus souvent désignées comme “salles de shoot”), Mat Let s’est immergé pendant un an dans un espace associatif géré par Médecins du Monde. Il révèle à travers les portraits des gens rencontrés là-bas un quotidien éloigné des fantasmes, où la misère sociale côtoie une grande humanité.

Personne n’en veut en bas de chez soi, en raison de préjugés nombreux, notamment sur l’insécurité qu’elles généreraient à proximité : les « salles de shoot » selon l’appellation médiatique consacrée (plus exactement les « salles de consommation à moindre risque ») ont pourtant pour objectif - au-delà de la politique de réduction du risque des usagers - le rétablissement de la tranquillité dans les quartiers pour y éviter la consommation de drogues à ciel ouvert. (...)

Hélas, la réponse usuelle ne résout pas grand-chose aux problèmes générés par la consommation de produits stupéfiants : la répression ne réduit pas les usages et n’améliore en rien la vie des résidents, sauf à déplacer le problème dans de nouveaux quartiers (seule conséquence des décisions préfectorales et des interventions des forces de police, ce que démontre assez justement la BD).

Les Salles de consommation à moindre risque (SCMR) visent à proposer une solution alternative pour inciter les consommateurs de drogues dures à quitter l’espace public pour consommer leurs substances dans un espace contrôlé et médicalisé, offrant aussi à ceux qui le souhaitent des parcours de soin pour sortir du cycle infernal de la dépendance. (...)

Les visiteurs de la SCMR ne sont pas forcément représentatifs des usagers de drogue dans leur ensemble. Comme le précise Mat Let, ceux qui fréquentent ces lieux sont les plus précaires : souvent des poly-consommateurs, en perte de lien social. Plus vulnérables (généralement sans domicile fixe), ils ont aussi fréquemment besoin de soins médicaux. (...)

La plupart du temps, le contact avec l’auteur s’établit facilement avec ces toxicomanes stigmatisés et en recherche de lien. A la différence de la prison, du tribunal ou de la rue, ils ne se sentent pas jugés dans une salle de shoot et se livrent facilement à Mat Let, dont la bienveillance rassure.

Les témoignages se suivent et ne se ressemblent pas. (...)

La somme de ces vies brisées rappelle une évidence souvent oubliée : un toxicomane est toujours la victime d’un système impitoyable, et peut rarement s’en sortir sans l’aide d’un tiers. La société ne peut se débarrasser des problèmes liés aux drogues qu’en venant au secours de ceux qui les consomment. (...)

Un cheval de Troie du lien social

La visite à la fin de l’album d’un « bidonville » de la Porte de la Chapelle montre ce que devient un quartier de consommation de drogues abandonné des pouvoirs publics : la précarité y est immense, les violences quotidiennes (notamment sexuelles, avec des consommatrices parfois violées dans les tentes), l’hygiène inexistant. L’impact sur la vie du quartier terrifie (...)

« La salle, c’est le Cheval de Troie du lien social : les usagers viennent surtout pour consommer mais on leur propose d’autres services » rappelle un bénévole. (...)

Lui-même transformé par cette expérience, Mat Let est devenu bénévole chez Gaïa après avoir terminé sa bande dessinée. (...)