Deux semaines après l’évacuation du campement du parc de Maurepas, au nord de Rennes, et la "mise à l’abri" d’environ 200 migrants par les autorités, des dizaines d’entre eux sont de retour à la rue. Près de 90 exilés, épaulés par des associations, occupent depuis le 29 octobre l’Espace Social Commun Simone Iff, propriété du département. Ils réclament des hébergements pérennes pour les migrants durant tout l’hiver.
"Mis à l’abri" mais de nouveau à la rue. Retour à la case départ pour près de 90 personnes évacuées de leur campement du parc de Maurepas, dans le nord de Rennes (Bretagne). Le 23 octobre, les autorités ont démantelé cet immense lieu de vie informel, où s’entassaient depuis fin mars environ 300 exilés, dont des femmes et des enfants, dans des conditions très précaires. (...)
Si 22 familles ont obtenu une solution d’hébergement jusqu’à la fin de la trêve hivernale, des dizaines de personnes se sont vu proposer des "mises à l’abri" uniquement pour quelques jours. Et une trentaine de migrants, dont huit enfants, se sont retrouvés à la rue le soir-même de l’évacuation, faute de places – certains d’entre eux avaient également refusé l’orientation des autorités dans d’autres villes bretonnes pour rester à Rennes.
"Circuit classique d’une ‘mise à l’abri’"
Les personnes prises en charge dans des centres d’accueil "ont suivi le circuit classique d’une ‘mise à l’abri’", explique à InfoMigrants la préfecture d’Ille-et-Vilaine. "Elles ont été hébergées quelques jours le temps de l’examen de leur situation [administrative et personnelle, ndlr]. En fonction de cela et de leur vulnérabilité, certaines ont eu une solution pérenne, d’autres non, en raison du manque de places suffisantes" dans le réseau d’hébergemet (...)
"Une semaine après l’évacuation, on comptait déjà 80 personnes en errance dans la ville", signale Fabien Touchard, coordinateur d’Utopia 56 à Rennes, contacté par InfoMigrants. Les militants les ont, dans un premier temps, hébergées au 4Bis, le centre d’information jeunesse, puis à l’université de Rennes 2.
Désormais, 89 exilés occupent depuis le 29 octobre l’Espace Social Commun Simone Iff, au nord de Rennes (Bretagne), propriété du département. Parmi eux, on dénombre 51 adultes et 38 enfants (dont trois de moins de trois ans et 17 mineurs isolés en recours). Et 39 personnes sont en situation régulière (demandeurs d’asile, réfugiés ou en possession d’un titre de séjour), selon les données d’Utopia 56.
"Ce lieu n’a pas été choisi au hasard : on est venu sur un site institutionnel pour mettre la pression sur les autorités et qu’une rencontre commune avec la mairie, la préfecture, le département et les associations soit organisée au plus vite", insiste Fabien Touchard.
"Cela fait trop longtemps qu’on fait le sale boulot"
Dans un communiqué, le département a indiqué que "pour des raisons de sécurité, l’accueil au public de ce bâtiment reste fermé". "La situation d’occupation est incompatible avec le respect des règles en vigueur pour un équipement de ce type, qui n’est pas un foyer d’hébergement", peut-on lire dans le document. Le département "demande à l’État d’assumer ses responsabilités et de trouver, très rapidement, des solutions d’accueil pérennes pour les occupants". (...)
Les militants assurent ne pas vouloir s’éterniser dans ce lieu, qui "n’est pas adapté à l’hébergement", et exhortent les autorités à trouver des solutions pour les personnes à la rue. "Elles doivent être relogées au minimum durant l’hiver, l’État a l’obligation légale de mettre à l’abri ces gens au nom de l’hébergement inconditionnel", rappelle Fabien Touchard. "On en a marre de faire le travail des institutions alors qu’on n’a pas les mêmes moyens humains et financiers. Ce n’est plus à nous de gérer ce genre de situations, cela fait trop longtemps qu’on fait le sale boulot à leur place dans un climat hostile envers les associations".
Ces dernières années, les mêmes scènes se répètent à Rennes : des gymnases sont ouverts par des militants et occupés par des migrants tout l’hiver. Et ils sont évacués par les autorités à la fin de la trêve hivernale. Puis, des camps de fortune se mettent en place au parc de Maurepas jusqu’au début de la trêve hivernale. Et ainsi de suite.
Mais cette année, le nombre de migrants en errance est si élevé que l’option d’ouvrir un squat s’éloigne pour les militants. Utopia 56 n’a qu’une crainte : devoir distribuer des tentes pour monter un campement cet hiver à Rennes. (...)