
Le 26 avril 1986, un accident catastrophique a touché la centrale nucléaire de Tchernobyl en Ukraine. Cet événement, tristement célèbre, a libéré des quantités massives de radiations dans l’atmosphère, conduisant à l’évacuation de la zone environnante et à la création de ce qui est aujourd’hui connu comme la zone d’exclusion de Tchernobyl. Pendant des décennies, cette zone a été synonyme de mort et de dévastation, mais qu’en est-il réellement aujourd’hui ? Des animaux y vivent-ils ? A quoi ressemblent-ils ? Cet article vous explique leur sort depuis l’accident.
Rappel sur l’accident de Tchernobyl (...)
Les autorités soviétiques ont assez rapidement ordonné l’évacuation de la ville voisine de Pripyat, suivie par l’évacuation des villages et villes dans un rayon de 30 kilomètres autour de la centrale. Cette zone, connue sous le nom de Zone d’exclusion, qui correspond aujourd’hui à une superficie de plus de 2 200 km2 dans le Nord de l’Ukraine et 2 600 km2 dans le Sud du Bélarus, a été fermée aux habitants humains. Mais qu’en est-il des animaux ?
Les radiations ionisantes du niveau de celles émises par l’accident sont connus pour leurs effets dévastateurs sur les organismes vivants. Elles sont capables d’endommager l’ADN des cellules, d’entraîner des mutations, des cancers et d’autres maladies graves. À des niveaux élevés, l’exposition aux radiations peut être mortelle en quelques heures ou quelques jours. Les effets sur la santé humaine à long terme incluent un risque accru de cancer, des malformations congénitales et des troubles reproductifs. On pouvait donc craindre le pire pour les animaux.
Évacuation et création de la zone d’exclusion
Dans les jours et les semaines qui ont suivi l’accident, les niveaux de radiations étaient extrêmement élevés. Les premières observations ont noté la mort de nombreux animaux dans les zones les plus contaminées. Les pins alentour, tués par les radiations, ont créé un paysage surnommé la "forêt rousse" en raison de la décoloration particulière de ces arbres morts.
Le grand public, nourri par des images de science-fiction et des récits d’horreur, s’est imaginé des animaux mutants, horriblement déformés et souffrants. Cependant, cette perception est largement exagérée. Bien que des mutations génétiques se soient effectivement produites, elles n’ont pas abouti à la naissance de créatures monstrueuses.
Contre toute attente, les années suivant l’accident ont vu un retour progressif de la vie sauvage dans la zone d’exclusion. En l’absence d’êtres humains, les animaux ont commencé à reprendre possession des lieux. Et les études montrent une diversité surprenante d’espèces...
Ce qu’ont montré les études scientifiques (...)
Des animaux tels que le loup, le cerf, le sanglier et les chevaux de Przewalski (une espèce rare de cheval sauvage) ont été observés en nombre croissant dans la zone. Une étude publiée en 2015, soit 19 ans après l’accident, par une équipe internationale de chercheurs a montré que la population de grands mammifères dans la zone d’exclusion est comparable, voire supérieure, à celle des réserves naturelles non contaminées de la région.
Les oiseaux, y compris des espèces rares et menacées, y prospèrent également. Si certaines populations d’insectes ont d’abord diminué, cette situation a été suivie d’une récupération progressive au fil des ans. Les araignées, par exemple, semblent prospérer dans certaines parties de la zone d’exclusion.
Les impacts sur la santé des animaux
Les radiations ont un effet mutagène, c’est-à-dire qu’elles peuvent provoquer des mutations génétiques. Cependant, toutes les mutations ne sont pas visibles ou dramatiques. La plupart des animaux observés ne montrent pas de déformations visibles.
Des études sur les hirondelles ont révélé des taux de mutation légèrement plus élevés. Bien que la vie sauvage puisse prospérer, elle a bien été touchée par les radiations. Les oiseaux étudiés ont montré des signes de stress oxydatif et des anomalies morphologiques qui restaient toutefois mineures.
D’autres chercheurs se sont intéressés aux rongeurs, en particulier les souris. Les taux de mutations les concernant sont plus élevés qu’ailleurs. Nombre d’entre elles affichent des signes de vieillissement prématuré et des taux de mortalité plus élevés.
La peau de certaines espèces de grenouilles arboricoles a manifestement changé de couleur. (...)
Peut-être plus surprenant, les loups vivant dans la zone d’exclusion ont manifestement développé une résistance à certains cancers. Leur système immunitaire ressemble à celui des personnes cancéreuses traitées par radiothérapie.
Quelles conclusions ont été tirées des études ?
Ce qui ressort davantage des études réalisées dans la zone d’évacuation, bien loin des horreurs imaginées, c’est que l’évacuation des êtres humains a conduit à la création d’une sorte de réserve naturelle. La faune et la flore ont pu y prospérer sans subir les habituelles perturbations dues à la présence des êtres humains à proximité.
Evidemment, il ne s’agit pas de dire que les animaux n’ont pas été impactés. Mais finalement, malgré les radiations, la plupart des espèces ont continué à se reproduire pour assurer la survie de leur espèce à long terme. Les mutations les plus défavorables ont été éliminées.
L’histoire des animaux de Tchernobyl est complexe et paradoxale. Si les radiations ont indéniablement eu des effets néfastes sur la faune, l’absence d’humains a, d’une certaine façon, contrebalancé ces effets en permettant un certain renouveau de la biodiversité. Les études scientifiques menées depuis l’accident montrent que, bien que les radiations aient causé des mutations et des problèmes de santé, la nature fait preuve d’une résilience remarquable. La zone d’exclusion de Tchernobyl reste, encore aujourd’hui, un laboratoire vivant pour les chercheurs du monde entier, offrant des leçons précieuses sur la capacité de la vie à s’adapter et à survivre dans des conditions extrêmes.
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