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France24
"Qu’ils s’en aillent tous !" : au Pérou, la Gen Z mène la fronde contre un système à bout de souffle
#Perou #manifestations #GenZ
Article mis en ligne le 17 octobre 2025

De Lima à Cusco, des milliers de jeunes Péruviens sont descendus dans la rue mercredi 15 octobre pour dénoncer l’instabilité politique, la corruption et l’insécurité. Né sur les réseaux sociaux en septembre, le mouvement s’est transformé en colère nationale après la nomination du président par intérim José Jeri.

Dans les cortèges, la colère vise tout autant le président que le Parlement. "Le pouvoir exécutif se vide et reste là, mais le véritable problème réside au sein du Parlement, le pouvoir législatif, qui est beaucoup plus difficile à éliminer", déplore Jorge Falcon, architecte de 26 ans, interrogé par l’AFP. "Et ce sont eux qui font les lois dans ce pays !"

Comme ailleurs dans le monde - au Népal, en Indonésie, au Maroc ou à Madagascar - la Gen Z péruvienne a trouvé son symbole : le drapeau pirate de Luffy, héros du manga One Piece, flotte sur les places, revisité à la mode andine avec un bonnet péruvien remplaçant le chapeau de paille. Et elle scande à tue-tête un slogan historique en Amérique latine : "Le peuple uni ne sera plus jamais vaincu". (...)

Une génération livrée à elle-même

Âgée de 18 à 30 ans, cette jeunesse s’est forgée dans la précarité. "Ce sont des jeunes très conscients politiquement, mais livrés à eux-mêmes, sans beaucoup de repères ni perspectives", souligne Lissell Quiroz. "Ils travaillent dur, cumulent des emplois précaires parfois sept jours sur sept, pour des salaires de misère. D’autres s’endettent pour étudier dans un système privé devenu hors de prix. Ils n’entrevoient aucun avenir stable."

L’insécurité omniprésente nourrit aussi leur désespoir (...)

Entre janvier et août, 180 chauffeurs de taxi moto, taxi ou bus ont été assassinés, parfois avec leurs passagers, selon un rapport de l’Observatoire de la criminalité et de la violence, relate la radio RPP. (...)

Une colère sans débouché politique

"Cette génération n’exprime que les dysfonctionnements et le malaise structurel de tout le pays", résume Lissell Quiroz.

Très présentes également dans les cortèges, les jeunes féministes donnent le ton de la contestation. "Elles protestent contre un président intérimaire accusé de viol, mais aussi contre un État qui exerce une violence systémique envers les femmes depuis des décennies", poursuit l’historienne. "Beaucoup sont les filles ou petites-filles de femmes stérilisées de force sous Alberto Fujimori et réclament toujours justice." (...)

Dans le pays, les moins de 30 ans représentent désormais un électeur sur quatre, et 2,5 millions d’entre eux voteront pour la première fois lors de la présidentielle prévue au printemps 2026. Une génération numériquement décisive, mais politiquement orpheline. Pour Gaspard Estrada cette "absence de canal institutionnel pour exprimer la colère" alimente la crise actuelle. "Il y a beaucoup de partis, beaucoup de candidats, mais très peu d’idées qui émergent. Tant que ce vide perdurera, la contestation ne s’éteindra pas."