Le céleri est un légume d’hiver mal aimé. Il est souvent boudé par les clients dans les magasins bio. C’est ainsi qu’il se retrouve dans les cagettes récupérées par LieU’topie, un tiers-lieu de Clermont-Ferrand. Situé au cœur du quartier universitaire, ses bénévoles cuisinent chaque semaine des plats végétariens pour lutter contre la précarité alimentaire des étudiantes et étudiants. Selon le baromètre 2025 de l’association Cop1, 2 étudiants sur 3 ont déjà sauté un repas par manque d’argent.
Au menu ces dernières semaines, beaucoup de légumes d’hiver, dont notre fameux céleri.
« Ici, les personnes végétariennes ne sont pas une exception »
Au-delà des préférences gustatives, cette cantine solidaire — à prix libre — permet aux plus précaires de manger bio, local, de saison et, surtout, végétarien. « Ici, les personnes végétariennes ne sont pas une exception. Je ne me sens pas jugé ou mis à part, comme, par exemple, dans les restaurants du Crous. Et ça m’enlève l’angoisse que je peux ressentir quand je dois manger dehors en tant que végétarien ou végane », assure Alex. (...)
Lorsqu’on est en situation de précarité, on n’a pas souvent le luxe de choisir son régime alimentaire rappelle Mathieu Adenot, ancien coprésident du lieu. « Être végan ou végétarien, c’est un privilège. Il faut avoir été éduqué à apprécier les légumes et savoir les cuisiner », pense-t-il.
D’autant que les associations caritatives proposant de la nourriture ne sont jamais très regardantes sur la provenance des aliments distribués, bien souvent des produits ultratransformés refourgués par les supermarchés (...)
Ce qui n’est pas englouti par celles et ceux qui viennent déjeuner le jeudi midi est déposé dans le frigo solidaire installé depuis deux ans à l’entrée du lieu. Aujourd’hui, il ne reste que des pommes, car les plats préparés sont immédiatement emportés. « On a vu la différence entre le moment où on mettait des produits non transformés puis des plats qu’on préparait à la cantine », précise Elisa.
Légumes bio et de saison
Le lieu a également noué un partenariat avec la ferme collective de la Petite Mouliche tenue par une ancienne salariée de LieU’topie et située à trente minutes de Clermont-Ferrand. L’exploitation fournit des paniers de légumes bio et de saison au prix de cinq euros pour le public étudiant. (...)
Une formule qui cartonne mais qui a failli disparaître, faute de subvention de l’université. « Ces financements doivent être renouvelés d’année en année, on est pas dans une logique très stable », regrette Mathieu Adenot.
Comme beaucoup d’alternatives, LieU’topie peine à joindre les deux bouts. L’association vit à 70 % de subventions et à 30 % d’autofinancement via la vente au bar ou grâce aux prestations de cantine collective lors d’évènements. Quelques euros sont aussi récupérés via une cagnotte en ligne. Pour survivre, l’équipe sollicite désormais des fondations privées. « Nous sommes obligés de réfléchir à la diversification de nos sources de subventions pour continuer à exister », soupire Mathieu Adenot. (...)
Leur public s’est désormais diversifié, attiré par ses activités culturelles, sa friperie solidaire, sa bibliothèque ou son coin détente, où on peut s’asseoir pour lire ou jouer sans forcément consommer.
Ils essaient aussi de monétiser la location de leur espace, qu’ils prêtaient auparavant à diverses associations féministes et culturelles. Mais pas question de toucher au prix libre, un principe fondateur de LieU’topie, (...)