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pourquoi nous ne pouvons pas attendre Lettre aux Blancs modérés à propos de la légitime impatience des Noirs par Martin Luther King
Article mis en ligne le 6 avril 2018
dernière modification le 5 avril 2018

Il y a cinquante ans, le 4 avril 1968, était assassiné Martin Luther King. En hommage au penseur autant qu’à l’activiste, nous avons choisi de republier des extraits choisis de sa Lettre de la geôle de Birmingham. Très loin de l’image aseptisée du pasteur qu’a construite l’idéologie dominante, plus loin encore des appels à la « tolérance », au « vivre-ensemble » et autres mots creux de l’antiracisme institutionnel, cette lettre ouverte propose l’une des analyses les plus profondes du racisme, de ses conséquences subjectives sur celles et ceux qui le subissent, et de la remarquable capacité de cécité d’indifférence ou de minimisation dont il peut faire l’objet, même chez de sincères antiracistes. (...)

Écrite en avril 1963 pendant un séjour en prison, suite à une « action directe de désobéissance civique » [1], cette lettre est adressée aux « Blancs modérés », c’est-à-dire aux Blancs qui reconnaissent le caractère illégitime de la ségrégation raciale, mais reprochent aux activistes noirs d’être trop « impatients », trop « extrémistes », et d’utiliser des moyens de lutte illégaux. (...)

à un mauvais moment. Certains ont demandé :

« Pourquoi ne pas avoir donné aux nouveaux élus le temps d’agir ? ».

La seule réponse que nous pouvons donner, c’est que le nouveau pouvoir, comme l’ancien, a besoin d’être bousculé pour enfin agir.

(...)

L’histoire est la longue et tragique illustration du fait que les groupes privilégiés cèdent rarement leurs privilèges sans y être contraints. Il arrive que des individus soient touchés par la lumière de la morale et renoncent d’eux même à leurs attitudes injustes, mais les groupes ont rarement autant de moralité que les individus. Nous avons douloureusement appris que la liberté n’est jamais accordée de bon gré par l’oppresseur : elle doit être exigée par l’opprimé. Franchement, je ne me suis jamais engagé dans un mouvement d’action directe à un moment jugé « opportun », d’après le calendrier de ceux qui n’ont pas indûment subi les maux de la ségrégation.

« Attendez ! » [2]

Depuis des années, j’entends ce mot : « Attendez ! ». Il résonne à mon oreille, comme à celle de chaque Noir, avec une perçante familiarité. Cet « Attendez » a presque toujours signifié : « Jamais ! ». (...)