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« Hôpital de campagne », centres de santé sans but lucratif, médecins « solidaires »… Elus, associations et soignants engagés ne manquent pas de solutions pour lutter contre les déserts médicaux, et montrer que ce n’est pas une fatalité.
Y aura-t-il des services d’urgences ouverts à Noël ? C’est la question que se posent des milliers d’habitants dans des villes où les hôpitaux sont en tension permanente. Pendant l’été et les fêtes de fin d’année, la situation peut empirer.
En médecine de ville aussi, se faire soigner est de plus en plus difficile dans un nombre croissant de communes. Près d’un tiers de la population française vit dans un désert médical. Et pourtant, à travers la France, des citoyens, des médecins et des élu·es développent des initiatives pour un accès aux soins pour tout le monde, partout.
Des centres de santé lancés par des collectivités
Des professionnels de santé et des élus locaux de différents bords politique s’engagent par exemple pour créer des centres de santé de médecine générale où les praticiens sont salariés.
Près d’un millier de centres de ce type sont recensés en France (2023), un chiffre en progression constante ces dernières années. 40 % de ces centres sont gérés par des acteurs publics : collectivités territoriales, services de santé universitaires, centres hospitaliers. Les autres sont principalement conduits par des associations (donc à but non lucratif) ou des organismes comme des mutuelles. (...)
Des médecins solidaires
Depuis 2022, un collectif de généralistes réunis dans l’association Médecins solidaires s’organise pour apporter des soins dans les zones sans praticiens. (...)
Une maire veut monter un hôpital de campagne
À Decize, dans la Nièvre, une maire a mis sur pied un « hôpital de campagne » en novembre pour interpeller l’État et l’agence régionale de santé sur la pénurie de médecins dans la zone. (...)
En octobre, constant que ses concitoyens ne peuvent tout simplement plus se faire soigner, la maire (PS) Justine Guyot avait pris un arrêté symbolique interdisant à ses administrés de tomber malade. Une soixantaine de communes de la Nièvre ont rejoint le mouvement, ce qui a permis d’attirer l’attention des médias.
Justine Guyot est alors contactée par l’association des médecins étrangers diplômés hors Union européenne (l’association Ipadecc, pour “Intégration praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise”). Celle-ci milite pour la régularisation des praticiens diplômés en dehors de l’UE. Ils et elles sont environ 4000 à travailler dans les hôpitaux français, souvent de manière précaire, et sous- payée pour leur qualification. (...)
Ensemble, l’élue et l’association voulaient organiser une journée de consultations gratuites de spécialistes à Dezice. Finalement, « l’hôpital de campagne » n’a pas pu proposer de consultations, mais a été l’occasion de parler publiquement de cette mesure possible pour lutter contre les déserts médicaux : faciliter l’exercice de ces praticiens étrangers qui travaillent déjà en France, mais n’ont pas le droit de s’installer comme médecins dans les déserts médicaux
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Des parlementaires proposent de réguler, en vain (...)
Une première version de la proposition de régulation médicale avait déjà été déposée en 2023, elle-même précédée par une proposition similaire en 2019, déjà par Guillaume Garrot. En 2021, c’était un sénateur LR qui demandait lui aussi à réguler l’installation des médecins. À chaque fois, ces propositions ont été refusées. À chaque fois, les syndicats de médecins s’y sont fermement opposés.
Les dentistes acceptent la régulation (...)
Pourtant, d’autres professions médicales sont déjà régulées : kinésithérapeutes, pharmaciens, sage-femmes, infirmières et infirmiers en libéral. Elles et ils ne peuvent s’installer dans une zone que si celle-ci n’est pas déjà sur-dotée. (...)
À partir de janvier, l’installation des dentistes va à son tour être encadrée : les nouvelles installations ne pourront se faire, que ce soit en libéral ou salarié en centres, que dans les zones qui ne sont pas déjà relativement bien dotées. (...)