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Mediapart
Pour LFI et les quartiers populaires, l’horizon politique est municipal
#LFI #quartierspopulaires #electionsmunicipales
Article mis en ligne le 10 février 2025
dernière modification le 8 février 2025

Les troisièmes rencontres nationales des quartiers populaires à l’initiative de La France insoumise se sont tenues samedi 1er février à Toulouse. Chez les politiques comme chez les acteurs des quartiers, les élections municipales de 2026 sont dans toutes les têtes.

Une « étape nécessaire » vers la conquête du pouvoir national pour les un·es ; l’occasion de sécuriser des « bastions locaux » face au « fascisme qui monte » pour les autres. Samedi 1er février, dans la vaste salle Jean-Mermoz de Toulouse (Haute-Garonne), les personnes interrogées ne projetaient pas les mêmes desseins politiques pour les élections municipales de 2026. (...)

Cinq thématiques de travail – « démocratie et citoyenneté », « lutte contre les discriminations », « services publics et biens communs », « bifurcation écologique » et « habitat » – structuraient cette journée de rencontres où figurait une invitée majeure : l’Assemblée nationale des quartiers populaires.

Lancée le 27 avril à la Bourse du travail, à Paris, cette structure réunit des ancien·nes du Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), du Forum social des quartiers populaires (FSQP), mais aussi membres du Tactikollectif, des activistes du comité Adama, des militant·es d’AC le feu, des collectifs « Vérité et justice », etc. Toutes et tous avaient déjà convergé au printemps 2022 autour de l’appel « On s’en mêle ». Face au risque de voir l’extrême droite accéder au pouvoir, ils avaient soutenu la candidature Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle.
Les mairies comme bases de repli

L’Assemblée des quartiers, qui entend imposer la question des quartiers au cœur de l’agenda politique, revendique les héritages – succès et échecs – de quarante ans de lutte dans les quartiers et les banlieues. Elle se veut pragmatique. « On n’a peut-être pas fait les grandes études pour devenir énarques, on n’a pas étudié les sciences sociales à l’université mais on vient des meilleures écoles : les quartiers populaires », a lancé samedi Almamy Kanouté, figure du mouvement.

Avant d’ajouter, à l’adresse des député·es LFI : « On salue les prises de position de votre organisation politique, mais ce n’est pas suffisant. Il y a des enjeux aux municipales et dans cette salle vous avez de futurs candidates et candidats. Tenez compte des experts et des ingénieurs de l’Assemblée des quartiers ! »

Assumé dès la naissance de l’Assemblée, l’objectif de conquérir des municipalités, ou au moins d’y « gratter des places » dans les exécutifs, n’a fait que se renforcer depuis. « Je pense que, avec le fascisme qui monte un peu partout, il faut se concentrer sur la prise de bastions locaux, résume à Mediapart Youcef Brakni, l’un des fondateurs du comité Adama. On ne va pas refaire les banlieues rouges, ni le communisme municipal à l’ancienne, mais il faut se créer des espaces où on pourra faire de la résistance et contrer les décisions préfectorales qui appliqueront des lois d’exclusion. Il nous faut ces bastions et il y a des endroits pour ça. » (...)

« Avec l’Assemblée des quartiers, on a un partenariat qui s’installe dans la durée, un lien qui existe, on se dit les choses franchement mais ça se construit au fil du temps », se félicite Éric Coquerel. « Ça avance doucement », confirme Youcef Brakni pour qui « le combo EELV/LFI/acteurs des quartiers peut être gagnant » en 2026 dans les grandes métropoles et les villes de banlieues proches partageant des sociologies plutôt à gauche et des jeunesses « racisées mais aussi non racisées » qui ont « envie de passer à autre chose ». Soit cette « nouvelle France » que théorise Jean-Luc Mélenchon : urbaine, liée pour beaucoup aux histoires migratoires et très féminine.

Un profil bien incarné par Assa Traoré, qui a pris la parole samedi devant une salle acquise. « Aujourd’hui, si on doit parler politique en France, il nous faut des personnes qui nous ressemblent et qui nous rassemblent », a-t-elle affirmé, invitant à renouer avec la « fraternité » dans les luttes. (...)

Toutes et tous ne partiront pas en campagne – « on veille à n’envoyer personne au casse-pipe », souligne Dawari – et il n’y aura pas que des victoires. Mais le moment se rapproche, espère Youcef Brakni, où « on va discuter vraiment politique sur le fond avec LFI », y compris en déployant « des cartes de France pour regarder ce qu’on peut gagner ensemble, où et sous quelle forme ».