 
	J’explique, et je précise : deux enfants en très bas âge, dont un bébé de trois mois. On me répond qu’il faut joindre le commissariat de proximité, et on me met en relation. Au commissariat de proximité, on me répond que ce n’est pas du ressort de la police, qu’il faut joindre soit le 115 soit la Ville de Paris. J’appelle le 115. Au bout de trente minutes, toujours personne.
Je regarde une vidéo de Saleh Al-Jafarawi, journaliste palestinien de Gaza, que des milices semble-t-il payées par Israël ont assassiné le dimanche 12 octobre dernier. Dans les premiers temps du génocide, en plein cœur du chaos, on le voit faire rire un tout-petit.
Du samedi 11 au dimanche 12 octobre, j’ai passé presque 24h avec une famille exilée rencontrée dans le train.
Après les avoir installés dans un espace à quatre plutôt que de les laisser mal assis entre deux wagons avec leurs deux chouchous et tous leurs bagages, avoir demandé aux personnes qui s’y trouvaient de bien vouloir s’asseoir à d’autres places et déplacé elle-même tous les sacs et valises de la famille (on lui est venu en aide avec le passager d’en face), la contrôleuse lance, sourire aux lèvres, « Allez, au travail maintenant ! » et s’éclipse.
La petite fait le clown, regarde partout avec des yeux grands ouverts, fait la causette avec des gestes si expressifs pour son âge qu’ils m’impressionnent, sourit et rit tant qu’elle peut. J’entre dans sa conversation.
Après quelques échanges de regards et de sourires avec sa mère, on commence à parler. (...)
