Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
Pollution  : les damnés d’ArcelorMittal
#ArcelorMittal #pollution
Article mis en ligne le 2 décembre 2025
dernière modification le 29 novembre 2025

Depuis un an, 500 salariés et sous-traitants de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) tentent de faire reconnaître le préjudice d’anxiété qu’ils subissent en travaillant pour un industriel, ArcelorMittal, dont les négligences ont été moultes fois épinglées. Le dernier rapport de l’inspection du travail, consulté par Blast, continue de documenter les manquements de l’entreprise en matière de protection des salariés. En parallèle, ses résultats financiers ont explosé… Une situation suivie de près par les députés de gauche qui ont voté, dans la nuit du 27 au 28 novembre, une proposition de loi pour nationaliser l’entreprise.

Ces éléments n’ont pas été piochés dans un rapport d’ONG visant à montrer combien les conditions de travail sont désastreuses à l’autre bout du monde, mais relevés en France, par l’inspection du travail, le 7 février 2024, lors d’un contrôle de l’aciérie d’ArcelorMittal à Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.

Depuis des années, les 450 salariés qui se relaient 24 heures sur 24 pour produire de l’acier «  made in France  » sont exposés à de nombreux polluants, parmi lesquels des substances cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction (CMR) comme du benzo(a)pyrène, du chrome VI, mais aussi du nickel et du plomb. (...)

Il y a deux ans, l’alerte émise par l’inspection du travail a fait l’effet d’une bombe. Des mesures de qualité de l’air ont montré «  à quel point on respirait de la merde  », se souvient Antoine (le prénom a été modifié), 35 ans, dont quinze passés à l’aciérie. (...)

Des promesses pas honorées

En attendant la décision des juges, les salariés continuent de se battre pour forcer ArcelorMittal à respecter ses engagements et, surtout, comme l’y oblige la loi, à assurer leur sécurité. En 2023, pour échapper à une fermeture du site demandée par l’inspection du travail, le géant de la sidérurgie a présenté devant le tribunal administratif de Marseille un plan d’action visant à réduire l’exposition des salariés à ces poussières et émanations cancérogènes. L’année suivante, une contre-visite a montré qu’une bonne partie des promesses n’avaient pas été honorées. Et ce, malgré des résultats financiers exceptionnels, ce géant de la sidérurgie affichant, en 2024, 1,34 milliard de dollars de résultat net. (...)

Ces manquements ont conduit, en avril 2024, l’inspection du travail à mettre en demeure l’entreprise d’agir dans «  un délai de huit mois  » pour «  mettre en place un dispositif efficace de captation à la source  » des substances polluantes. Plus d’un an et demi ont passé et «  les salariés continuent d’être exposés  », dénonce Zidane Merabet, responsable au pôle juridique CGT. (...)

Deux ans plus tard, les salariés et les sous-traitants d’ArcelorMittal continuent pourtant d’effectuer le nettoyage avec des équipements «  inadaptés  » tels que des balais, des pelles et des balayeuses au lieu d’utiliser, comme c’est conseillé, des aspirateurs industriels équipés de filtres. La direction allant même jusqu’à installer des ventilateurs pour disperser les poussières, augmentant ainsi leur propagation. L’inspection du travail a demandé en février 2024 qu’ils soient retirés «  dans les meilleurs délais  ». Des photos, prises il y a quelques jours et consultées par Blast, montrent que cette demande est restée lettre morte.

Questionnée sur ce point, la direction n’a pas répondu, faisant simplement valoir la construction de 30 sas, installés dans les salles de contrôle pour empêcher les poussières d’y pénétrer. «  Pour nous, ce ne sont pas vraiment des sas dans le sens où on n’est pas obligé de fermer la première porte pour ouvrir la deuxième et la plupart ne sont pas pressurisés. C’est un simple couloir avec deux portes  », ne manque pas de relever Zidane Merabet. Rien non plus dans les vestiaires où les salariés continuent de contaminer leurs affaires personnelles avec leurs équipements de protection. Sur ce point non plus, la direction n’a pas répondu.