
Le Comité interministériel des villes, dédié aux quartiers prioritaires, s’est tenu vendredi 6 juin à Montpellier, en présence d’une partie du gouvernement et sous l’égide du premier ministre. Sans argent et sans idées neuves, la réunion a échoué à convaincre acteurs et actrices des quartiers populaires.
Un conseil des ministres restreint en plein quartier de La Mosson, au nord de Montpellier. Huit ministres et le premier d’entre eux, François Bayrou, ont passé la journée du vendredi 6 juin dans l’un des dix quartiers prioritaires de la capitale languedocienne, pour parler politique de la ville et égalité territoriale.
À La Mosson, où vivent plus de 22 000 personnes, les indicateurs sont aussi alarmants que dans le reste des grands ensembles populaires du pays : le taux de pauvreté explose à 60 % et celui du chômage à 33 % (contre 7,4 % de moyenne nationale). Un tiers des 16-25 ans sont par ailleurs non scolarisés et sans emploi, selon les dernières données officielles. En France métropolitaine, 1 362 quartiers sont également estampillés « QPV », pour quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Pour ces QPV, une quarantaine de mesures ont été annoncées et discutées lors d’un Comité interministériel des villes (CIV) en présence d’élu·es, de responsables associatifs et des membres du gouvernement présents à Montpellier, dont Juliette Méadel (ville), Élisabeth Borne (éducation), Amélie de Montchalin (comptes publics) ou encore François Rebsamen (aménagement du territoire).
Ces mesures s’articulent autour de trois grands axes : « bâtir une grande alliance éducative pour l’émancipation et l’épanouissement des enfants et des jeunes », « assurer vie décente et en sécurité » pour les habitant·es, et enfin « la réussite économique pour toutes et tous dans les quartiers ». (...)
« Les trois axes mis en avant, on ne peut que les partager », commente Gilles Leproust, maire communiste d’Allonnes (Sarthe) et président de l’Association des maires ville et banlieue de France, qui regroupe les maires de communes populaires. Selon lui, ces axes sont d’ailleurs inspirés de « l’appel d’Épinay », lancé en mars 2025 par des élu·es pour interpeller le gouvernement sur son manque d’ambition en matière de politique de la ville. Pour autant, les mesures annoncées « manquent considérablement de souffle » pour Gilles Leproust qui glisse un « il y a du boulot ! » et s’interroge sur « les moyens humains et financiers » alloués à l’avenir pour les quartiers prioritaires. (...)
« Aucune action en direction des associations alors qu’on a des cris, des appels au secours, localement et nationalement, d’associations qui ne peuvent plus faire face aux budgets asséchés. »
Une situation d’urgence (...)
Les élus locaux multiplient les interpellations publiques de l’exécutif, dans des communiqués qui égrainent les difficultés de leurs territoires : « éloignement des services publics », « freins à la mobilité », « inégalités dans l’accès aux soins », « insécurité », « habitat dégradé », « précarité croissante »…
C’est peu dire que la réponse de l’exécutif peine à convaincre. Après avoir promis un « plan banlieue » finalement abandonné, le pouvoir a pris soin de tenir le sujet au second plan de son agenda. (...)
« Ils n’ont aucune considération pour la réalité des gens d’ici !, s’agace un enseignant du collège des Escholiers de La Mosson, situé tout en haut du quartier. J’aimerais bien que M. Bayrou fasse son conseil des ministres décentralisé le lundi de la Pentecôte », ironise-t-il.
Avec l’un de ses collègues, Julien Frayssinhes, professeur d’histoire-géographie au même collège et syndiqué chez Sud Éducation, ils ont tenté de s’immiscer dans la délégation pour interpeller le premier ministre. Raté : la sécurité les a tranquillement exfiltrés, devant le groupe scolaire Hypatie, qui accueillera ses premiers et premières élèves en septembre 2025. « On voulait dire au premier ministre et à la ministre de l’éducation nationale que cet établissement doit être classé en REP+ [réseau d’éducation prioritaire – ndlr] », explique Julien Frayssinhes, par ailleurs mandaté au comité social d’administration du département de l’Hérault. (...)