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Pour absorber du CO2, de nombreux pays, dont la France, veulent planter des arbres par milliers. Mais restaurer une forêt et en créer une, c’est tout à fait différent. Et la biodiversité en pâtit, expliquent des scientifiques.
Planter des arbres, est-ce toujours une idée bénéfique pour la Terre ? Cela dépend de s’il s’agit de restaurer une forêt ou d’en créer une de toutes pièces.
Ainsi, à Pierrelaye-Bessancourt, une commune francilienne, les autorités ont décidé en 2019 de créer un bois de 1 350 hectares, et donc de planter 1 million d’arbres ! Fin novembre 2024, la sixième campagne de plantation était lancée.
Dans quelques années, cette ancienne plaine agricole devrait donc devenir une forêt. Ce qui chamboule nécessairement la vie des animaux et des plantes locales.
Lutte pour le climat... au détriment de la biodiversité ?
Reforestation comme afforestation permettent de capturer du carbone atmosphérique en faisant grandir des arbres qui vont l’absorber. En revanche, si la reforestation est bénéfique pour la biodiversité, l’afforestation, elle, provoque un phénomène de conversion de l’habitat chez de nombreuses espèces.
Après avoir étudié les effets de ces politiques sur plus de 14 000 espèces de vertébrés, les chercheurs ont conclu que les conséquences négatives étaient bien plus importantes que les positives.
Les nouveaux arbres privent en effet certains animaux de leur habitat. Les chauves-souris, certains papillons, ou des espèces d’oiseaux comme les tariers des prés préfèrent souvent les espaces plus ouverts et vont mal s’accommoder de l’arrivée impromptue d’une forêt. (...)
le chercheur travaille actuellement sur des études locales, autour de Bordeaux, qui arrivent à la même conclusion. « Nous avons constaté que lorsqu’il y a du reboisement dans des milieux forestiers, cela avait des conséquences positives sur les espèces. Alors qu’une nouvelle végétation dans les milieux ouverts était moins bénéfique. »
Les petits mammifères et les oiseaux vivant en forêt ont en effet tendance à préférer l’ombre : de nouvelles plantes, grâce à une reforestation, leur donnent un habitat plus favorable. C’est le cas notamment de ceux qui profitent de cet environnement pour se cacher des prédateurs. Tandis que les espèces des milieux ouverts, par exemple les lézards, les chauves-souris ou certains gros oiseaux, demandeurs de lumière, supportent mal l’arrivée de zones ombragées en cas d’afforestation. (...)
Cela rejoint aussi l’avis d’autres scientifiques qui avaient décrit les effets néfastes sur la biodiversité de ces plantations d’arbres : la faune et la flore sont effet mal prises en compte car tous les regards sont braqués sur l’absorption du CO2.
Planter des monocultures ?
Qu’en est-il du projet de plantation de 1 milliard d’arbres vanté par Emmanuel Macron ? Il s’agit bien, en grande partie, de reforestation. Mais avec une méthode un peu particulière : des centaines de milliers d’hectares de forêt, considérées comme en mauvaise santé, ont été rasées — et le bois vendu — afin de replanter des arbres. Ainsi, qui dit reforestation ne dit pas que tout va pour le mieux. Surtout si on en profite pour planter des monocultures plutôt que de prendre soin de forêts diversifiées. (...)