Après l’arrestation de bateaux en Méditerranée qui voulaient lever le blocus maritime israélien à Gaza, une nouvelle flottille formée par des anonymes de 44 pays s’est lancée. En France, des marins bretons volontaires sont en première ligne.
Ce dimanche 31 août, cet équipage breton a rejoint une flottille internationale dans un port resté confidentiel en Méditerranée, avant de prendre la mer pour Gaza. Objectif : atteindre les côtes palestiniennes et lever le blocus maritime israélien. Un projet similaire à celui des trois précédents convois de la Freedom Flottilla. Le Conscience, visé par une attaque de drones au large de Malte au mois de mai, puis le Madleen et l’Handala, arrêtés par Israël dans les eaux internationales, avec à leur bord l’élue européenne de La France insoumise (LFI) Rima Hassan et l’activiste Greta Thunberg pour l’un, les deux députées LFI Emma Fourreau et Gabrielle Cathala pour l’autre. (...)
Au moment de la visite de StreetPress, le départ est prévu dans moins d’une semaine, et il reste encore une montagne de détails à régler avant de prendre la mer : « Préparer les voiles, charger les provisions, mettre des tapis antiroulis à l’intérieur de la cabine », énumère Lana, claquettes-chaussettes et gros sweat rouge. « Il faut penser à tout ce dont on peut avoir besoin quand on sera loin des côtes. Ça va de la pharmacie aux pièces de rechange pour le bateau, en passant par les casseroles et les cartes européennes d’assurance maladie. » Cela fait trois jours que cette marin, la trentaine, a rejoint l’équipe de skippers de Thousand Madleens Lorient, le groupe local de la future flottille. Lorsqu’elle a découvert le projet au cours d’une réunion d’information en juillet, elle s’est tout de suite portée volontaire pour participer aux préparatifs. « J’avais un tel sentiment d’impuissance », raconte celle qui milite depuis toujours pour diverses causes sociales et environnementales (...)
« Dès le kidnapping du Madleen dans les eaux internationales début juin, ça a bougé très vite », raconte le moniteur de voile, militant lui aussi. « Il y a eu la page Instagram, puis le bouche-à-oreille. Moi, c’est via d’autres voileux que j’en ai entendu parler… D’abord, parce que la Bretagne est une terre de gauche, militante, et ensuite parce que chez les marins, ça fait partie de nos valeurs ! »
« L’honneur maritime passe avant l’ordre injuste »
« Un marin digne de ce nom ne détourne jamais le regard face à la détresse », peut-on lire sur le flyer distribué dans les ports de Brest, Morlaix, Concarneau et Lorient. C’est ici, en Bretagne, que le premier groupe local s’est implanté, début juillet, à l’initiative de Joy : « Comme tous les autres, c’est le sentiment d’impuissance qui m’a décidée à faire quelque chose », raconte cette éducatrice de la région d’Auray. (...)
« On est les petites mains de la grande cause », rigolent Paul et Lana entre deux tours de chargement du voilier. « Et c’est impressionnant de voir qu’on est si nombreux, si investis dans la lutte contre ce régime génocidaire. » Cette fois, pas d’élus ou de « têtes d’affiche » à l’origine du projet. « Il est né de la base », souligne Paul. « Ça le rend d’autant plus puissant et légitime qu’il n’est pas hiérarchique. » Le mouvement citoyen et apartisan n’est pas apolitique pour autant, avec la présence des députés LFI Emma Fourreau, Marie Mesmeur et Thomas Portes. (...)
Une action symbolique pour « mettre la pression » sur l’État d’Israël
En l’espace de trois mois, Thousand Madleens France a récolté plus de 150.000 euros de dons sur une cagnotte en ligne. Une partie a servi à l’achat des bateaux, une autre à celui du matériel. « C’est surtout de l’aide médicale », détaille Paul, « car de la nourriture, il y en a des tonnes en train de pourrir dans les camions bloqués à Rafah. » L’équipage a donc plutôt constitué des stocks de médicaments, demandés par les médecins et ONG sur place, à Gaza.
« De toute manière, on sait que cette aide n’arrivera pas », admet Lana avant de rentrer dans la cabine à la recherche d’une trousse de pharmacie. « On a beau être discrets, Israël a probablement déjà eu vent de ce qui se prépare, et va nous arrêter comme les autres dans les eaux internationales. » Une démarche « tout à fait illégale », souligne Paul, particulièrement attaché au droit maritime (...)
Et ensuite ? « On y retourne. Encore et encore. Jusqu’à ce que le blocus soit levé. »
Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël