
L’ancien ministre de la santé, jusqu’ici neurologue, se reconvertit dans la médecine esthétique au sein de la très chic Clinique des Champs-Élysées. Ce groupe lucratif pratique des augmentations mammaires et de fessiers, à grand renfort de promotion via des influenceurs.
Olivier Véran égraine les nouvelles, en espérant peut-être édulcorer le caractère subversif de son annonce, jugée « atterrante » par l’un de ses anciens collègues au CHU de Grenoble (Isère). Sorti du gouvernement lors du dernier remaniement et redevenu député (Renaissance) de l’Isère, l’ancien ministre de la santé (pendant la pandémie de Covid) a d’abord déclaré le 19 février au Parisien qu’il voulait « reprendre la blouse une journée par semaine en parallèle de [son] mandat ».
Le plus évident aurait été qu’il consulte de nouveau comme neurologue au CHU de Grenoble où il a travaillé à temps partiel jusqu’en 2020, quand il était député. Mais patatras : le député annonce au Figaro renoncer à la neurologie car « la discipline a trop changé à [ses] yeux ».
N’était-il pas possible pour lui de se remettre à niveau en neurologie, spécialité qui souffre comme d’autres d’une grave pénurie médicale ? Pour le chef de service de neurologie au CHU de Grenoble, le professeur Detante, « il est faisable de se former ou reformer en neurologie ». (...) .
Son choix de reconversion est cependant radical : l’ancien ministre se tourne vers la médecine esthétique, qui serait, selon lui, une manière d’« aider des gens à se sentir mieux dans leur peau, dans leur corps », à se « réparer après une maladie ». Au Figaro, il explique qu’il va devoir se former et obtenir « trois diplômes de la faculté de santé de Créteil (Val-de-Marne) ».
Injections de botox et d’acide hyaluronique
Par ce choix, Olivier Véran ne délaisse pas seulement la neurologie, mais aussi l’hôpital public, en rejoignant un établissement de santé qui lui est antinomique : la Clinique des Champs-Élysées à Paris, établissement privé et spécialisé dans la pure esthétique des hommes comme des femmes. (...) .
C’est un microcosme très particulier que rejoint Olivier Véran, celui des très riches, et celui des très célèbres sur les réseaux sociaux, les influenceurs et les influenceuses, qui drainent tous ceux et celles qui veulent les imiter à tout prix. Une enquête de Mediapart sur les liens entre le « sculpteur des stars » Richard Orlinski et de nombreux ministres et conseillers du président a déjà mis au jour la proximité d’Olivier Véran avec l’artiste, lui-même proche de ce milieu des influenceurs. (...) .
Le déontologue de l’Assemblée nationale devra se prononcer sur cette activité annexe du député de l’Isère Olivier Véran. Devra-t-il se déporter de certains sujets, comme le financement du système de santé ? Il a sans doute anticipé en rejoignant, après son départ du gouvernement, la commission des affaires étrangères et non la commission des affaires sociales, dont il fut un membre très actif de 2015 à 2020, alors sous les couleurs du Parti socialiste puis du parti macroniste En marche.
Le grand écart entre l’homme politique d’alors et le député-docteur d’aujourd’hui devient de plus en plus grand. (...)