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Mediapart
Nucléaire : l’EPR va produire une des électricités les plus chères de France
#nucleaire #EDF #EPR
Article mis en ligne le 23 décembre 2024
dernière modification le 21 décembre 2024

C’est le réacteur nucléaire le plus puissant du parc qu’EDF s’apprête à connecter au réseau. Mais c’est aussi celui qui produira une énergie plus chère que la plupart des renouvelables. Les dépenses financières représentent entre 30 et 40 % du coût total du système électrique.

C’est vers 23 heures dans la nuit du vendredi au samedi 21 décembre que le réacteur EPR de Flamanville, dans la Manche, devait être connecté au réseau d’électricité- une opération qui n’avait toujours pas eu lieu samedi matin à 10h. Un « couplage » selon l’expression technique qui, avec douze ans de retard sur le calendrier initialement prévu, équivaut à une naissance symbolique. « C’est un moment important, très marquant pour l’entreprise », s’est réjoui Régis Clément, directeur adjoint de la division production nucléaire (DPN) d’EDF, lors d’un point presse vendredi après-midi.

Une petite quantité d’électricité, à peine décelable, devait être envoyée sur le réseau, avec une centrale fonctionnant un peu en dessous de 20 % de ses capacités. Pour EDF, cette étape technique a le goût de la victoire. Malgré un coût final de 19 milliards d’euros, selon la Cour des comptes, soit six fois plus élevé qu’escompté, c’est la fin d’un cauchemar industriel.

Tout n’est pas réglé pour autant. L’EPR pourra-t-il atteindre sa pleine puissance à l’été 2025 ? Il lui faudra dépasser les aléas inhérents au démarrage d’une machine si complexe et obtenir les autorisations réglementaires de la nouvelle autorité de sûreté, l’ASNR. (...)

Comparaisons difficiles

Le coût de revient du nouvel EPR se situe aussi bien au-dessus des valeurs cibles fixées pour les grands parcs éoliens en mer par la programmation pluriannuelle énergétique (PPE), le document par lequel l’administration planifie l’organisation du système énergétique : entre 50 et 60 euros le mégawattheure pour les mâts posés sur les fonds marins – les éoliennes flottantes sont plus chères, autour de 110 à 120 euros le mégawattheure. Le parc en construction au large de Dunkerque a été attribué par appel d’offres en juin 2019 pour un coût de 44 euros le mégawattheure. Le coût de l’éolien a en effet beaucoup baissé ces dernières années, notamment grâce à l’augmentation des performances des machines, de leur taille et de leur puissance, qui permet des effets d’échelle.

Le phénomène est comparable pour le photovoltaïque. (...)

si on considère les énergies renouvelables dans leur seule activité de production, « sans prendre en compte les enjeux de flexibilité, elles sont moins chères que le nouveau nucléaire », explique l’économiste Philippe Quirion. « Mais un mix électrique ne peut pas reposer que sur des ressources non pilotables, il faut forcément du stockage ou du pilotage de la demande, et combiner les deux. »

« Avec le seul critère de la production, le scénario 100 % renouvelable peut être moins cher ou environ au même niveau » que celui comportant du nouveau nucléaire, reconnaît Olivier Houvenagel. Mais les coûts de raccordement des nouveaux sites de production sont importants, en particulier pour l’éolien en mer. (...)

« Le plus intéressant est moins la valeur faciale que l’évolution de ces coûts et leur comparaison », analyse Yves Marignac, expert en énergie et porte-parole de l’institut négaWatt, qui élabore des scénarios de référence sur un système électrique 100 % renouvelable. « C’est le film qui est le plus intéressant et il est très clair : il y a dix ou quinze ans, le nouveau nucléaire paraissait moins cher. Mais depuis, les courbes se sont inversées, et la différence est aujourd’hui de 1 à 3. » (...)