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CADTM/ Eric Toussaint
Nuages noirs sur l’Europe avec quelques éclaircies
#Europe
Article mis en ligne le 25 juin 2024
dernière modification le 23 juin 2024

(...) Éric Toussaint : Des élections ont eu lieu du 6 au 9 juin 2024 dans 27 pays de l’UE, mais avec une participation très faible, moins de 50 % des électeurs/trices.
Au niveau des résultats, il est clair qu’il y a eu un glissement vers la droite qui devient de plus en plus prononcé.
La droite qui se dit centriste, par exemple le parti de Macron et d’autres comme le parti libéral flamand (Open VLD) en Belgique, qui avait le poste de Premier ministre, a fortement chuté. Ce sont les secteurs plus conservateurs, voire plus à droite ou d’extrême droite, néo-fascistes, qui ont réussi à augmenter leurs voix.
Les Verts ont également perdu, à quelques honorables exceptions près dans les pays nordiques, en raison de leur engagement à droite. En raison de leur soutien, au sein des parlements nationaux et européen, à la droite, à l’OTAN, à l’abandon de la lutte contre la crise climatique et écologique. Ils ont perdu leur soutien en raison de la désillusion de leur base électorale.
À gauche, les socialistes ont perdu, mais pas beaucoup sauf en Allemagne. La gauche radicale non plus. Cette dernière, où l’on trouve quelques PC, le PTB en Belgique, Podemos en Espagne, la France insoumise en France ou le Bloc de gauche au Portugal, a gagné deux sièges.
Ceux qui ont perdu, c’est ce qu’on appelle le centre droit. Le premier ministre belge, Alexander de Croo, a démissionné le soir même, lorsque les résultats ont été connus et Emmanuel Macron a dissous l’Assemblée nationale et convoqué de nouvelles élections.

(...) Les deux groupes qui dominent le Parlement européen, le PP espagnol et ses partenaires, la CDU-CSU allemande d’Angela Merkel et Ursula von der Leyen en alliance avec le groupe des partis socialistes, qui est le deuxième groupe en nombre d’eurodéputés, vont avoir tendance à chercher des alliances avec l’extrême droite « raisonnable », selon le Parti populaire européen, du type Giorgia Meloni. Une extrême droite pro-OTAN, pro-austérité budgétaire, pro-privatisation, dure sur l’immigration, qui est la politique de la Commission européenne.
L’extrême droite commence donc à être intégrée dans le système de gouvernance de l’UE. C’est aussi le cas au niveau des gouvernements nationaux. L’exemple type est celui de Meloni en Italie, mais il n’est pas le seul. (...)

Il n’y a pas que les conservateurs de droite et d’extrême droite qui ont réussi. Dans plusieurs pays, la gauche radicale, considérée comme anticapitaliste, a remporté des succès.
En Belgique, le PTB, issu du mao-stalinisme, mais qui s’en est détaché il y a 20 ans, a obtenu d’excellents résultats. Dans la partie flamande du pays, il a doublé ses voix pour atteindre 8 %. Dans la région francophone (Wallonie), il a obtenu 12 % et à Bruxelles 21 %. Elle y fait jeu égal avec le parti socialiste.
Une autre liste anticapitaliste, la Gauche anticapitaliste, a obtenu environ 2,5 % en Wallonie. C’était un peu exceptionnel, mais pas tant que ça, car dans les pays nordiques, en Finlande, en Suède et au Danemark, ce n’est pas l’extrême droite qui s’est renforcée, mais la gauche traditionnelle, les radicaux et les Verts.
Et je termine par l’exemple de l’Italie. L’Alliance Verte et de Gauche, c’est une liste dont personne ne pensait qu’elle obtiendrait un grand résultat, mais elle a atteint 6,6 %. Elle était menée par Ilaria Salis une enseignante de 39 ans emprisonnée en Hongrie pour avoir prétendument battu et blessé un néo-fasciste hongrois il y a trois ans. Elle a été élue députée européenne, ce qui obligera le président d’extrême droite Victor Orban à la libérer.
Un autre eurodéputé de la même liste est un maire qui a été menacé d’emprisonnement par M. Salvini pour avoir accueilli un bateau chargé de migrant·es. Salvini a été premier ministre de l’Italie en 2019 et a interdit aux ports italiens d’accepter des bateaux de réfugiés. C’est un autre exemple intéressant qui montre que tout n’est pas noir en Europe. (...)

Macron a perdu les élections, l’extrême droite de Marine Le Pen a obtenu deux fois plus de voix. Il a donc appelé à des élections anticipées le 30 juin 2024. Cela a provoqué un électrochoc à gauche, qui s’est unifiée sous le nom de Nouveau Front populaire.
Toute la gauche, les socialistes, les communistes, une partie des Verts, la France Insoumise de Mélenchon et les trotskistes du NPA de Philippe Poutou se sont unifiés sous le slogan du PFN.
Un bon résultat le 30/6 et le 07/07 n’est pas exclu. L’extrême droite l’emportera probablement, mais un succès du NFP n’est pas exclu. La lutte sera très dure jusqu’au 7 juillet. Les mouvements sociaux se mobilisent. (...)

Le soir même ou dans les 2 ou 3 jours qui ont suivi le 9 juin, presque spontanément, contre l’extrême droite et en solidarité avec le peuple palestinien, des milliers de jeunes se sont rassemblés dans les rues sans demander la permission aux autorités. Ces jeunes savent très bien que l’extrême droite est totalement en faveur du gouvernement néo-fasciste de Netanyahou. C’est pourquoi ces mobilisations sont très positives et, aux États-Unis comme en Europe, plusieurs universités sont occupées par des étudiant-es qui exigent le boycott d’Israël et la rupture des contrats de collaboration financière ou académique avec les universités sionistes israéliennes.

Par ailleurs, il faut investir de l’énergie à l’échelle internationale pour réaliser la conférence anti fasciste mondiale qui était prévue au Brésil à Porto Alegre au mois de mai 2024 et qui a dû être reportée en raison de la tragédie provoquée par des inondations catastrophiques. (...)