Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Nouveau Front populaire : la gauche sonnée espère mobiliser
#electionslegislatives #frontpopulaire #extremedroite #Macron #Bolloré
Article mis en ligne le 1er juillet 2024

La participation élevée n’a pas bénéficié à l’alliance des partis de gauche. Ils appellent à la mise en branle d’un « nouveau front républicain » pour éviter que l’extrême droite soit majoritaire le 7 juillet. S’ils annoncent le désistement de leurs candidats arrivés en troisième position en cas de triangulaire, leurs regards sont tournés vers les macronistes, dont ils doutent encore de la réciprocité.

Un mélange de sidération, d’effroi, de rage et de gravité. Dans les QG des partis du Nouveau Front populaire (NFP), l’ambiance était lourde à l’annonce des premiers résultats du premier tour des élections législatives du 30 juin.

L’alliance de la gauche et des écologistes parvient à se hisser en deuxième position selon les premières estimations (28,5 %), mais nettement derrière le Rassemblement national (RN, 33 %), aux portes du pouvoir. Alors que le camp présidentiel s’effondre, la gauche est donc l’ultime rempart face au parti d’extrême droite. (...)

Alors que les résultats de la plupart des circonscriptions étaient publiés dimanche soir, le NFP s’était qualifié dans 407 d’entre elles pour le second tour du 7 juillet (en deçà de ce qu’il espérait), quand la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) n’était présente que dans 300 circonscriptions en 2022 : « Les Français ont donc le choix », souligne Paul Vannier, chargé des élections à La France insoumise (LFI). « Dimanche prochain, ce sera soit l’extrême droite, soit le NFP. Ce n’est pas le “ni-ni” mais le “ou-ou”. Les forces progressistes de ce pays et les démocrates doivent appeler à voter pour nous, la non-expression sera un choix », abonde Pierre Jouvet, spécialiste des élections au Parti socialiste (PS). (...)

Les partis membres du NFP ont annoncé qu’ils se désisteraient du second tour dans les cas où ils seraient en troisième position, pour faire barrage au RN. (...)

L’alignement des partis de gauche et écologistes sur cette position de désistement républicain met le camp présidentiel dos au mur. Pour Raphaël Glucksmann et son parti Place publique, « le deuxième tour est un référendum sur l’accession au pouvoir de l’extrême droite ». (...)

Le coup est en tout cas difficile à encaisser pour la gauche dans son ensemble. D’une part, elle ne réalise qu’une faible progression par rapport à 2022, passant de 25,66 % des suffrages exprimés à environ 28 % – alors que le RN bondit de 18,68 % à plus de 33 % avec ses alliés.

Elle n’a donc pas profité du sursaut de participation. D’autre part, le résultat tend à conforter le fait que la gauche souffre d’un défaut d’homogénéité du vote en sa faveur : comme aux précédents scrutins, son retard est particulièrement marqué dans des pans entiers du territoire, tandis que son avance est considérable dans des circonscriptions déjà acquises, notamment dans de nombreuses villes-centres et quartiers populaires. Le NFP enregistre ainsi 21 élu·es dès le premier tour, pour beaucoup en Seine-Saint-Denis, à Marseille et à Paris. (...)

le NFP paye le prix d’un matraquage politico-médiatique contre lui, qui a pu s’appuyer sur le relais des médias Bolloré comme sur la rhétorique des « deux extrêmes » portée par le camp présidentiel. Après avoir joué avec le feu, celui-ci semble revenu légèrement en arrière, mais le mal est fait.

Marine Tondelier a d’ailleurs déclaré, semblant faire allusion aux divisions de la gauche qui ont entravé la campagne : « Il nous faut être à la hauteur, chaque seconde de campagne va compter et doit être utilisée à bon escient. » Une longue semaine se présente devant le NFP.

Lire aussi :

 (France24)
La chute d’Emmanuel Macron après le pari raté de la dissolution

Le président de la République, qui misait sur les divisions de la gauche et le rejet de l’extrême droite pour obtenir une majorité absolue après sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, a subi dimanche une lourde défaite au premier tour des élections législatives anticipées, loin derrière un Rassemblement national aux portes du pouvoir.

Un nouveau détournement du film La Chute, d’Oliver Hirschbiegel, a rapidement circulé sur les réseaux sociaux quelques jours après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron. La fameuse scène de colère d’Adolf Hitler, terré dans son bunker, était cette fois-ci parodiée avec des propos imaginaires du chef de l’État réalisant son erreur face à une gauche de nouveau unie. Trois semaines plus tard, les 21,0 % recueillis par la coalition présidentielle Ensemble, arrivée troisième derrière le Rassemblement national et ses alliés (33,2 %) et le Nouveau Front populaire (28,1 %), dimanche 30 juin, au premier tour des élections législatives anticipées, montrent que ce détournement a en partie vu juste.

En annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale le 9 juin, Emmanuel Macron comptait sur les divisions de la gauche étalées au grand jour durant la campagne des européennes et sur un nouveau barrage républicain pour l’emporter au second tour contre l’extrême droite. (...)

"Le président de la République a tué la majorité", déclare, jeudi 20 juin, l’ancien Premier ministre et patron du parti Horizons Édouard Philippe. "Je ne serai pas ministre un jour de plus", affirme de son côté, vendredi 21 juin, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, exprimant sa certitude de voir la macronie s’effondrer. (...)

Entre le raz-de-marée du premier tour des législatives 2017, lorsqu’il suffisait pour des novices en politique de poser avec Emmanuel Macron pour être élu, et la campagne de 2024, le contraste est saisissant. Il illustre la chute du président et de la macronie après sept années de pouvoir, dont un début de second quinquennat marqué par une réforme des retraites passée au forceps et une loi immigration qui a choqué jusque dans ses propres rangs.

Dimanche 30 juin, la coalition présidentielle s’est qualifiée au second tour dans 290 à 330 circonscriptions, mais les projections des sondeurs ne lui attribuent qu’entre 70 et 100 sièges à l’Assemblée nationale au soir du second tour, dimanche 7 juillet. (...)

"La leçon de ce soir, c’est que l’extrême droite est aux portes du pouvoir" et "donc notre objectif est clair : empêcher le Rassemblement national d’avoir une majorité absolue au second tour", a déclaré pour sa part le Premier ministre, Gabriel Attal, en dénonçant le "projet funeste" du parti lepéniste. Il a appelé au "désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République".

Des déclarations qui ne renvoient plus dos à dos "les extrêmes", comme le faisait la coalition présidentielle avant le premier tour, et choisit clairement de cibler le RN, mais en laissant planer une ambiguïté vis-à-vis des candidats La France insoumise. Les prochains jours permettront sans doute de clarifier la position d’Emmanuel Macron. En attendant, la candidate Ensemble arrivée troisième dans la première circonscription de la Somme, Albane Branlant, a annoncé dimanche soir se désister en faveur de François Ruffin (NFP), arrivé deuxième, "face au risque du Rassemblement national".

Après cette défaite électorale et politique, il s’agit désormais pour Emmanuel Macron d’éviter de devenir le président ayant remis les clés du pouvoir à l’extrême droite.