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Notre trop-plein de vêtements fait déborder les bennes de collecte
#vetements #soldes #pollution
Article mis en ligne le 15 janvier 2025
dernière modification le 11 janvier 2025

Beaucoup profitent des soldes pour acheter de nouveaux vêtements et mettre ceux dont ils ne veulent plus dans les bennes de collecte. Mais celles-ci débordent comme jamais. Explications.

savez-vous ce qui se trame derrière ce conteneur et les 47 500 autres points d’apport volontaire installés en France ? Les acteurs qui assurent ces collectes font face à une crise inédite. Faute de pouvoir écouler leurs marchandises, leurs stocks explosent, obligeant certains à arrêter tout ou partie de leurs ramassages et à retirer des bennes.
Explosion de la production

« Il y a un problème structurel : la surproduction de l’industrie de l’ultra fast-fashion, souligne Gloria Taoussi, cheffe de projet plaidoyer et communication du Réseau national des ressourceries et des recycleries (RNRR). Tant que nous n’aurons pas légiféré pour contraindre cette industrie, la situation ne cessera d’empirer. » Un avis partagé par l’association Zero Waste France, qui rappelle qu’en vingt ans, nous sommes passés de 70 milliards de produits textiles mis sur le marché dans le monde à 130 milliards : « Nous avons doublé la production. Ce n’est pas tenable. » (...)

La crise touche surtout les associations et les structures qui n’ont que l’activité de collecte. Le Relais affirme, par exemple, ne pas être dans une situation de blocage l’obligeant à renoncer aux collectes. Il explique être préservé par son activité de tri et par le développement de nombreux débouchés « en propre » en France (effilochage, chiffons, isolant).

« Le système repose essentiellement sur l’économie sociale et solidaire »

La situation actuelle est avant tout liée aux fluctuations du marché international, principal débouché pour les habits mis au rebut. Environ la moitié est en effet exportée en dehors de l’Union européenne, principalement vers l’Afrique. Seule la « crème » des vêtements donnés, c’est-à-dire ceux en très bon état et avec une certaine valeur ajoutée, est revendue en France dans les boutiques de seconde main des entreprises de l’économie sociale et solidaire qui gèrent cette collecte, comme Emmaüs (boutiques et site Label Emmaüs), Le Relais (magasins Ding Fring), les recycleries et ressourceries locales.

Ce haut du panier à linge ne représente que 5 à 10 % de la collecte, selon Refashion, l’éco-organisme financé par les industriels du textile. Environ 30 % du reste part au recyclage afin d’être transformé en chiffons, isolants pour le bâtiment ou nouvelles fibres textiles, en fonction de la qualité des matériaux.

L’entrée de gamme surreprésentée (...)

le système actuel de collecte et de tri, qui repose « essentiellement sur l’économie sociale et solidaire » et est « entièrement fondé sur une exportation de déchets » n’est pas viable. (...)

le recyclage n’a pour l’heure pas fait ses preuves. D’ailleurs, l’entreprise allemande Soex, championne du recyclage de textile et pionnière du tri par reconnaissance optique des fibres, vient de mettre la clé sous la porte. « Cette faillite pourrait noyer l’Europe sous un torrent de vêtements indésirables, si les vingt-sept États membres de l’Union européenne ne réagissent pas immédiatement ! » s’alarmaient déjà les acteurs du secteur en Belgique en octobre.