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Mediapart
Nombres de soignants à l’hôpital : les socialistes trouvent une large majorité à l’Assemblée
#hopital #sante
Article mis en ligne le 26 janvier 2025
dernière modification le 24 janvier 2025

Une large revendication des hospitaliers vient de se traduire en loi, à l’initiative du Parti socialiste. À terme, un nombre minimum de soignants par patient devrait être fixé à l’hôpital public. La question du financement de cette mesure n’est toutefois pas réglée.

La niche parlementaire socialiste à l’Assemblée nationale, jeudi 23 janvier, fut un moment d’inhabituelle concorde politique. Pour l’occasion, le parti d’Olivier Faure a choisi de légiférer sur des sujets au plus proche de la vie quotidienne : la vie chère dans les départements d’outre-mer, le repas à 1 euro pour les étudiant·es, les pannes d’ascenseurs non prises en charge, la protection des enfants accueilli·es en crèches privées lucratives, la rénovation énergétique des logements ou encore la formation des jeunes aux premiers secours en santé mentale.

C’est la proposition de loi sur l’instauration d’un nombre minimum de soignant·es par patient·es hospitalisé·es à l’hôpital public qui a fait l’objet du plus long débat. Ce « ratio » de professionnel·les de santé, en particulier d’infirmiers ou infirmières et d’aides-soignant·es (le nombre de postes de médecins est déjà déterminé service par service) est une revendication têtue des hospitaliers depuis 2020.

Elle a d’abord émané du Collectif inter-hôpitaux (CIH), rejoint par la plupart des syndicats hospitaliers et vient de se transformer en loi, ce jeudi 23 janvier, après son adoption presque unanime par l’Assemblée (138 voix pour et 3 contre). (...)

Des ratios déjà appliqués à l’étranger

En France, des ratios d’infirmières existent déjà dans certaines spécialités, justifiés par la sécurité des patient·es : par exemple en réanimation, il faut deux infirmières minimum pour cinq patients. Selon le CIH, dans les autres services, une infirmière s’occupe de 12 à 14 patient·es, « bien au-delà des moyennes européennes », dénoncent ses membres, « et surtout bien au-delà de chiffres considérés par la littérature scientifique comme une garantie de qualité et sécurité des soins ». La mortalité est en effet diminuée dans les services où il y a le plus de soignant·es par patient·es.

Aux yeux du collectif, le faible nombre d’infirmièr·es et d’aide-soignant·es relève de « politiques d’économie à court terme ». En réalité, le manque de soignant·es coûte plus cher en infections nosocomiales, accidents du travail, burn-out, absentéisme et recours à l’intérim très couteux. Dans un cercle vicieux, les infirmièr·es finissent par quitter l’hôpital, dégradant encore les conditions de travail de celles et ceux qui restent.

L’exemple de la Californie appuie leur démonstration (...)

Des financements encore à trouver

À gauche, le soutien à ce texte a été unanime. (...)

les récentes avancées en faveur de l’hôpital, notamment les revalorisations de salaires, n’ont été que partiellement financées, et ont au final creusé dangereusement la dette de l’hôpital public.

Le rapporteur Guillaume Garot a, lui, insisté sur les économies que pourraient dégager cette mesure, à terme : « Les prises en charge des patients seront plus rapides, les guérisons plus rapides, les séjours plus courts. Ces ratios ne sont pas une charge supplémentaire, mais une dépense d’investissement ».

Reste une inconnue majeure, suspendue à l’instabilité politique comme à la réelle volonté du gouvernement, insiste Bernard Jomier : « Le ministre de la santé doit adopter rapidement les textes réglementaires. Je veux lui faire confiance. »