La mission de la Fondation du patrimoine est-elle de promouvoir des usages religieux ? Telle est la question que soulève la sociologue Nathalie Heinich, membre d’Unité laïque, qui s’étonne d’avoir reçu, en remerciement d’un don à la reconstruction de Notre-Dame, une invitation à participer à une tombola afin d’assister à la Messe des donateurs… L’occasion, pour elle, de rappeler un autre patrimoine français, non moindre, que cette Fondation est censée protéger : celui de la laïcité.
La Fondation du Patrimoine, promoteur d’usages religieux
Ce généreux cadeau me laisse toutefois perplexe. Très attachée au patrimoine, y compris religieux, je suis par ailleurs athée : en quoi cette « messe des donateurs » pourrait-elle me concerner ? D’autres remerciements, de nature non religieuse, ont-ils été prévus pour ceux qui, n’allant pas à la messe (comme la très grande majorité des Français), se sentiront exclus de cette proposition ? Est-ce la vocation et le rôle de la Fondation du Patrimoine d’organiser ou de promouvoir un événement cultuel ? Et, s’agissant d’une fondation reconnue d’utilité publique, avec pour principaux partenaires les ministères de la Culture, de la Transition écologique et de l’Économie et des Finances, n’est-on pas en droit d’attendre de sa part le respect de la laïcité ? (...)
cette cathédrale est tout autant un lieu patrimonial (cette double nature a été amplement documentée dans un livre récent : Notre-Dame des valeurs. Retour sur une émotion patrimoniale, PUF, 2024, sous la direction de Nathalie Heinich, NDLR), et c’est à ce titre que l’incendie a mobilisé d’innombrables citoyens attachés à ces pierres admirables, léguées par de lointains prédécesseurs et que nous avons le devoir de transmettre aux générations futures – puisque c’est cela, fondamentalement, qui définit le patrimoine.
Une atteinte à la laïcité
En se faisant le promoteur d’usages religieux, la Fondation du Patrimoine se positionne aux côtés de ceux pour qui les pierres sont avant tout un écrin pour l’exercice d’un culte, et elle abandonne de fait sa mission, qui est de protéger non pas le culte mais les pierres. Elle abandonne aussi, ce faisant, un autre patrimoine, au moins aussi précieux à mes yeux que les pierres bien qu’il soit immatériel : la laïcité – un patrimoine tout à la fois français et universel, comme l’est Notre-Dame de Paris. Un patrimoine qui, lui aussi, nous est légué par nos prédécesseurs et qui nous oblige auprès de nos successeurs. Un patrimoine que brade et méconnaît aujourd’hui la Fondation du Patrimoine. (...)
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– (Basta !)
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(...) En cause : une demande de la direction, qui attend désormais de ses agent·es qu’ils et elles se conforment au « principe de laïcité ». La mesure concerne l’ensemble des employé·es, en contact physique avec le public ou non. En cas de non-respect, une procédure disciplinaire pourrait être engagée (...)