Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Huffington Post
#MeTooPolice : ces enquêtes révèlent des centaines de cas de violences sexuelles par des policiers et gendarmes
#MeToo #violencessexuelles #police #gendarmerie
Article mis en ligne le 20 juin 2025
dernière modification le 19 juin 2025

Disclose et « Libération » ont enquêté parallèlement sur les violences sexistes et sexuelles commises par des membres des forces de l’ordre. Au moins 429 victimes ont été recensées.

(...) Un phénomène systémique. Dans une enquête parue mardi 17 juin, le site d’investigation Disclose affirme avoir identifié 429 victimes de violences sexistes et sexuelles commises par des gendarmes ou des policiers. Dans une enquête distincte parue le même jour dans le journal Libération, plusieurs femmes témoignent de ces agressions.

Pendant un an, Disclose a épluché des procédures judiciaires, une décennie d’archives et presse et interrogé des victimes, avocats et policiers en partenariat avec France 2. Au terme de cette enquête, le site d’investigation a dénombré 429 victimes de policiers ou de gendarmes entre 2012 et 2025, dans 130 villes en France. Parmi les victimes, 76 % sont des femmes, 6 % sont des hommes et 18 % sont des mineurs, hommes ou femmes. Les femmes policières et gendarmes représentent près de la moitié des victimes.

Viennent ensuite des proches (78) des incriminés, puis des personnes interpellées (75) ou des femmes venues déposer plainte (57).

Disclose a retrouvé la trace de 215 agresseurs, tous grades confondus. « Tous, sans exceptions, ont détourné les moyens de police mis à leur disposition par l’État », explique Disclose. « Ils ont utilisé les fichiers internes pour récupérer les coordonnées de leurs cibles, simulé des perquisitions, menacé avec leur arme de service, attendu leurs proies à bord d’une voiture siglée ou joué de leur statut pour imposer le silence », détaille l’enquête.

Selon Disclose ces violences visent en particulier les personnes en situation de vulnérabilité. Pour de nombreuses victimes, les agressions se sont produites alors qu’elles faisaient appel aux forces de l’ordre pour dénoncer des violences intrafamiliales ou conjugales. (...)

D’après Disclose, parmi les 215 fonctionnaires identifiés, cinq sont toujours en poste. De son côté, le ministère de l’Intérieur a affirmé qu’« une enquête est ouverte dès que l’administration a connaissance d’une plainte pour des faits de violences sexuelles ».

Lire :

 (Disclose)
#MeTooPolice : des dizaines de femmes agressées par les agents chargés de recueillir leur plainte

Elles ont franchi les portes d’un commissariat ou d’une gendarmerie pour chercher justice et protection. Au lieu de cela, 57 femmes retrouvées par Disclose ont été victimes de violences sexuelles commises par les fonctionnaires chargés de recueillir leurs plaintes. Révélations, en partenariat avec L’Oeil du 20 heures (France 2), sur un scandale ignoré par le ministère de l’intérieur.

Elles réclamaient justice et sécurité. Elles ont trouvé menaces et humiliations. Et pire encore. À Rouen (Seine-Maritime), en 2018, un policier fait chanter une femme venue porter plainte pour violences conjugales : une photo de sa poitrine en échange de la promesse d’« un bon magistrat » pour juger son dossier. « Tu n’oublies pas mon cadeau. LOL », insiste-t-il par texto. (...)

À Villeurbanne (Rhône), Fabien G. met toujours la main sur son arme lorsqu’il ordonne à des survivantes de violences intrafamiliales de se déshabiller dans son bureau fermé à clé. Il éclaire ensuite leur entrejambe à la lampe torche : « Je suis méticuleux dans mon enquête », se justifiera-t-il au tribunal, en janvier 2024, face aux huit femmes qui l’accusent d’agressions sexuelles.

Dans un commissariat de Béziers (Hérault), l’acte de police a également bon dos. En février 2021, Kalim B. demande à une femme témoin dans une affaire de viol de se prêter à une « reconstitution » du crime. Il exige qu’elle se mette à quatre pattes sur un canapé, qu’elle retire son jogging et sa culotte, avant de se masturber devant elle. (...)

À peine imaginables, les affaires comme celles-ci sont pourtant nombreuses. Alors que le gouvernement promet que les forces de l’ordre « sont le premier rempart contre les violences faites aux femmes », Disclose, en partenariat avec L’Oeil du 20 heures (France 2), a retrouvé 57 femmes qui affirment avoir été harcelées, agressées ou violées par des policiers ou des gendarmes à la suite d’un dépôt de plainte. D’après notre enquête, trois victimes sur quatre étaient en situation de grande vulnérabilité au moment des faits : rescapées de féminicide, réfugiées, handicapée ou adolescentes fugueuses et sans ressources. Parmi elles, 37 femmes étaient confrontées à des violences conjugales. (...)

une des aberrations soulevées par l’enquête de Disclose : malgré l’étendue des pouvoirs confiés aux policiers et gendarmes, aucun texte ne leur interdit explicitement d’entretenir des relations sexuelles avec des personnes rencontrées dans le cadre de leurs fonctions. Le code de la sécurité intérieure impose certes aux agents de se comporter « d’une manière exemplaire, propre à inspirer en retour respect et considération », mais sans plus de détail. De manière générale, seul le détournement des fichiers internes est proscrit par la loi. Ce qu’il se passe ensuite ne compte pas. Même saisi directement par des victimes, le ministère de l’intérieur refuse de regarder le problème en face. (...)

D’après notre enquête, un tiers des agents ayant agressé des plaignantes ont fait plusieurs victimes avant d’être sanctionnés.