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Mauritanie : des centaines de migrants en situation irrégulière arrêtés et placés en rétention
#migrants #immigration #Mauritanie #UE
Article mis en ligne le 8 mars 2025
dernière modification le 5 mars 2025

Depuis quelques jours, des centaines de ressortissants maliens, guinéens, sénégalais et ivoiriens en situation irrégulière ont été interpellés et placés dans un centre de rétention de Nouakchott, en vue de leur expulsion. Seuls une dizaine d’exilés, des Sénégalais, ont pour l’instant été rapatriés.

La Mauritanie serre la vis. Depuis quelques jours, des centaines de migrants en situation irrégulière sur le territoire ont été arrêtés et placés en rétention à Nouakchott, en attendant leur expulsion. "La majorité des personnes interpellées sont des ressortissants sénégalais, guinéens, maliens et ivoiriens", peut-on lire dans plusieurs titres de la presse mauritanienne.

Dans le centre de rétention, les exilés sont soumis à l’enregistrement de leurs empreintes digitales. Ils doivent être ensuite conduits en bus vers leurs pays d’origine.

Pour le moment, seule une dizaine d’exilés sénégalais ont été rapatriés dans leur pays, Dakar refusant d’accueillir tout ressortissant d’un autre pays. D’après le site Africa Guinée, ce refus "pourrait entraîner le transfert [des autres migrants] vers les frontières de la Mauritanie avec son voisin du sud-est (le Mali), où la situation sécuritaire est instable, ce qui pourrait mettre leur vie en danger". Les autorités mauritaniennes n’ont pour l’instant pas donné plus d’informations sur la destination finale des expulsions.

D’après le média Kewoulo, toute personne expulsée de Mauritanie, quelque soit sa nationalité, sera désormais interdite de territoire pour une durée de deux ans. (...)

"Je voulais une autre éducation pour mes enfants"

La Mauritanie est un pays de transit majeur pour les migrants originaires d’Afrique de l’Ouest qui souhaitent se rendre en Europe via la route des Canaries. Selon les autorités espagnoles, 83 % des migrants qui débarquent dans l’archipel transitent par la Mauritanie. Et d’après les Nations Unies, le nombre de migrants en provenance des pays du Sahel est passé de 57 000 en 2019 à plus de 112 000 en 2023.

Amy et sa famille, originaires du Sénégal et aujourd’hui hébergés à Grande Canarie, ont passé quelques années en Mauritanie avant de traverser l’Atlantique pour l’Espagne. "La vie n’y était pas trop difficile, mais je voulais une autre éducation pour mes enfants. Je veux qu’ils fassent des études en français, c’est mieux pour leur avenir", avait confié la mère de famille à InfoMigrants en juin 2024. "Moi je ne voulais pas prendre la mer, mais on n’avait pas d’autres solutions pour aller en Europe. Et rentrer au Sénégal, c’était hors de question. C’est trop dangereux pour moi et ma famille". (...)

Un accord à 210 millions d’euros

Pour freiner les arrivées de migrants sur son sol, l’Union européenne a renforcé ses liens avec la Mauritanie, dans la lignée de sa stratégie d’externalisation des frontières déjà appliquée en Tunisie ou en Turquie notamment. Le 7 mars 2024, Nouakchott et Bruxelles ont signé un partenariat visant à lutter contre l’immigration illégale vers le Vieux Continent. Au programme : renforcement de la coopération entre agences, démantèlement des réseaux de passeurs et délégation des contrôles, le tout grâce à une enveloppe de 210 millions d’euros accordée au pays saharien.

De son côté, le président mauritanien Mohammed Ould Ghazouani avait garanti la volonté de son pays à agir contre l’immigration irrégulière. La Mauritanie est "totalement engagée" aux côtés de l’Espagne et de l’UE face aux flux migratoires irréguliers, avait-il déclaré. (...)

Ces campagnes d’interpellations de migrants ne sont pas nouvelles. En 2008 déjà, alors que la route des Canaries était très empruntée, Amnesty International dénonçait dans un rapport l’arrestation et l’expulsion d’exilés "vers le Mali ou le Sénégal sans aucun droit de recours pouvant remettre en cause cette décision". Des ressortissants d’Afrique de l’Ouest avaient à l’époque affirmé à l’ONG avoir été arbitrairement arrêtés dans la rue ou chez eux et accusés, apparemment sans élément de preuve, d’avoir l’intention de vouloir rejoindre l’Espagne. (...)