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Mediapart
Massacre d’Oradour : Darmanin laisse un négationniste publier ses ignominies
#OradoursurGlane #negationnisme #Darmanin #Macron #extremedroite
Article mis en ligne le 11 juin 2024
dernière modification le 10 juin 2024

Le président de la République rendra lundi hommage aux martyrs d’Oradour-sur-Glane, mais son ministre de l’intérieur laisse prospérer un livre de Vincent Reynouard accusant la Résistance d’être responsable du drame. Ce négationniste avait pourtant été interdit de publication en 1997.

Le livre en question, Oradour, le cri des victimes, a été publié par un quidam qui prétend assurer la succession de Robert Faurisson, « assassin de la mémoire » mort à Vichy en 2018, à l’âge de 89 ans. Cette relève piteuse a pour nom Vincent Reynouard, 55 ans, ci-devant professeur de mathématiques.

Il a été suspendu de l’Éducation nationale en 1996 pour avoir détourné la pédagogie au profit de ses lubies mensongères et compulsives, consistant donc à s’inscrire en faux contre l’extermination des juifs d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en réhabilitant le régime hitlérien.

Dès 1997, Vincent Reynouard se signalait avec un livre intitulé Le Massacre d’Oradour, un demi-siècle de mise en scène ; ouvrage interdit par le ministre de l’intérieur de l’époque, Jean-Pierre Chevènement.

Après avoir essuyé des condamnations et tâté du cachot en raison de ses activités délictuelles – du tract à la cassette vidéo en passant par le CD-ROM négationnistes –, cette soi-disant « victime de la loi Gayssot » passa dans la clandestinité. Il échoua près de dix ans au Royaume-Uni, avant d’être extradé par la justice écossaise et remis aux autorités françaises, en février 2024. Sous le coup d’une mise en examen pour négation de crimes de guerre, contestation de crimes contre l’humanité et provocation à la haine, il vaque depuis en liberté, sous contrôle judiciaire. (...)

En août 2020, le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane avait été souillé par l’inscription « Reynouard a raison », alors que la mention « martyr du lieu avait été biffée au profit de « menteur ».

Durant sa cavale, ce faussaire des études historiques a refondu son livre de 1997 sur Oradour pour en produire un démarquage publié au mois de décembre 2022 en Pologne, commercialisé à partir de l’Angleterre et distribué par divers réseaux et librairies d’extrême droite qui pullulent sur le territoire français.

Dès avril 2023, la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilrah) et la Licra avaient alerté le ministère de l’intérieur, au motif de la loi du 27 janvier 2017, ainsi que de l’alinéa 2 de l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 (en vigueur depuis le 26 août 2021). (...)

Pourquoi cette inaction totale du ministre de l’intérieur, lui qui sait pourtant avoir la main lourde au nom d’impératifs légaux à la moindre manifestation trop contestataire à son goût ? Comment interpréter cette façon, au sommet de l’État, de faire fi de la loi que nul n’est censé ignorer ? (...)

Nicolas Bernard, dans le sillage de Pierre Vidal-Naquet, démonte ainsi les dénaturations, falsifications et omissions délibérées servant à nier la réalité (...)

Stéphanie Courouble Share analyse avec finesse la menace négationniste, qui « ne nie pas mais déforme et déguise ». En ressort une activité insidieuse tissant sa toile. (...)

En s’en lavant les mains, le ministère de l’intérieur de la République française permet au négationnisme, « qui profite et profitera toujours de la moindre faille », comme le constate Stéphanie Courouble Share, de faire jouer en sa faveur une complaisance appelée à servir de jurisprudence. Et c’est ainsi que le macronisme, comme jadis le daladiérisme, acclimate le pire en son sein et joue les passerelles en prétendant servir de digue. (...)