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Mediapart
Logement et handicap : une assignation à résidence invisible
#handicap #logement #inegalites
Article mis en ligne le 7 février 2025
dernière modification le 5 février 2025

Être porteur de handicap expose à des discriminations en cascade dans l’accès au logement. Faute de logements adaptés, les personnes en situation de handicap sont surreprésentées parmi les mal-logés, selon le rapport annuel de la Fondation pour le logement des défavorisés.

(...) Pour son trentième rapport annuel, la Fondation pour le logement des défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) a décidé de mettre en lumière un sujet trop souvent invisibilisé : les discriminations en cascade que subissent les personnes porteuses de handicap(s) face au logement.

Psychique, physique, sensoriel, mental, cognitif, ou causé par des troubles de santé invalidants, le handicap touche, selon les définitions, entre 8 et 11 millions de personnes. Des chiffres que le vieillissement de la population est amené à faire croître fortement dans les années à venir. (...)

Il y a vingt ans, le législateur adoptait un texte fondé sur l’inclusivité et la défense de l’accessibilité : dans les transports, les lieux publics, l’école… et dans le logement. Accéder à un logement de manière autonome est « un élément clé de la désinstitutionnalisation », rappelle Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation pour le logement des défavorisés, en référence à l’un des principes posés par l’ONU sur le handicap visant à l’inclusion partout et pour tous et toutes.

Double peine

On en est pourtant loin. Dans le parc privé, les personnes ayant un handicap ont « moins de chances d’accéder à un logement, que ce soit en propriété (9 % de propriétaires accédants contre 23 % pour la population générale) ou en location (19 % contre 24 %) ». Une situation qui résulte de leurs difficultés à s’insérer sur le marché du travail, de leurs plus faibles revenus en moyenne (26 % vivent sous le seuil de pauvreté, contre 14 % chez les valides) et du surcoût engendré par le handicap : nécessité d’adapter les logements, soins, etc.

Les personnes en situation de handicap sont ainsi surreprésentées parmi les 4 millions de mal-logés. « C’est plus 50 % pour les personnes en situation de handicap : on n’est pas sur l’épaisseur du trait », précise Manuel Domergue.

Parmi les personnes à la rue, 30 à 50 % souffriraient d’un handicap psychique, cette situation pouvant à la fois produire ou exacerber un handicap déjà existant.

Être porteur de handicap(s), c’est être confronté à des discriminations systémiques tout au long de son parcours résidentiel. (...)

Premier aspect du problème : le manque criant de logements adaptés. (...)

S’ajoutent à cela des préjugés absurdes mais tenaces (...)

Le parc social, où le handicap est un critère prioritaire pour obtenir un logement, présente cependant d’assez piètres résultats en matière d’accueil. (...)

À rebours de l’objectif de désinstitutionnalisation, beaucoup de porteurs et de porteuses de handicap(s) se retrouvent donc coincés dans des établissements spécialisés (...)

Enfermés chez soi

Dans leur rapport sur « Les conditions résidentielles des personnes handicapées en France » récemment remis à l’Institut de recherche en santé publique, les chercheurs Pierre-Yves Baudot et Thomas Chevallier pointent un phénomène d’« assignation à résidence » bien souvent invisible. (...)

Dans le chapitre « Privé de sortie », le rapport pointe évidemment les dysfonctionnements des ascenseurs comme un obstacle majeur. (...)

La lourdeur d’une porte coupe-feu ou les quelques marches à l’entrée du hall peuvent rendre épiques l’entrée et la sortie de son domicile. Au point d’y renoncer. (...)