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lettre ouverte du Président de la LDH au Ministre Valls
Article mis en ligne le 11 janvier 2013

Monsieur le Ministre,

J’ai eu à plusieurs reprises, au cours de l’année écoulée, l’occasion de manifester auprès de vos
services les incompréhensions, les inquiétudes et la désapprobation grandissante que suscite la
politique actuelle du gouvernement en direction des femmes et des hommes dits « sans
papiers » qui vivent, habitent et travaillent dans notre pays.
Je saisis ce début d’année nouvelle pour exprimer le voeu que ces messages soient pris en
compte au niveau où ils le méritent et que l’actualité, hélas, illustre sans désarmer sur
l’ensemble du territoire français.

Tout récemment, le préfet du Nord a reçu les représentants des grévistes de la faim du Nord,
engagés dans une longue et cruelle grève de la faim pour l’obtention de la régularisation de leur
séjour en France, en présence de la fédération du Nord de la Ligue des droits de l’Homme. Un
conflit d’autant plus douloureux qu’il a été marqué par des expulsions dont la seule raison était
d’intimider les grévistes, alors même que leurs revendications sont légitimes. Elles
correspondent à la situation de nombre de personnes étrangères présentes sur le territoire
national. C’est dire que si l’étude au cas par cas de la situation de ces grévistes de la faim est un
acte responsable de votre administration, il ne saurait à lui seul suppléer à la définition
législative et réglementaire d’une régularisation objective, permanente et stable.
Lors des nombreuses rencontres que vous avez eues avec les associations et syndicats membres
de la « Plateforme des 12 », avant la publication de la circulaire du 28 novembre, dite de
régularisation, nous vous avons présenté et expliqué la convergence, l’accumulation, la
combinaison des effets de précarisation, de flexibilisation, de mise en clandestinité de milliers
de personnes qui, pourtant, participent à la vie économique de notre pays au point que des
secteurs notables, tels les services, la manutention, le bâtiment, la restauration et même la
sécurité, ne peuvent plus s’en passer. Simplement parce que ces travailleurs effectuent le travail
dont personne d’autre ne veut.


Discriminés, stigmatisés, ignorés, fragilisés, ces femmes et ces hommes subissent de plus le
poids de l’arbitraire
que leur infligent souvent, si ce n’est la plupart du temps, les services
préfectoraux, soit qu’ils ignorent vos directives quand elles s’avèrent plus favorables
qu’auparavant, soit qu’ils les appliquent avec un zèle excessif, quand malheureusement elles
ont renforcé un arsenal répressif existant. (...)