
Ce mois-ci, Migreurop vous présente une nouvelle carte issue de l’« Atlas des migrations dans le monde : libertés de circulation, frontières, inégalités » qui propose un traitement original et éclairant des enjeux migratoires contemporains en explorant la notion de liberté de circulation.
Cet ouvrage s’intéresse aux moments historiques, aux dispositifs, aux politiques et aux moyens mis en œuvre par les États pour faciliter les migrations et les mobilités en général. Il vise à remettre en question l’idée qu’il n’y aurait pas d’alternative au durcissement des politiques migratoires, tout en invitant à (re)penser la libre circulation au-delà de l’ordre existant du droit international et à partir des « pratiques par le bas ».
À l’heure, partout en Europe, de la surenchère politique contre l’accueil des personnes exilées (refoulements en Allemagne [1], suspension du droit d’asile en Pologne [2], suppression de places d’hébergement d’urgence en France [3], saturation chronique des centres d’accueil belges [4]...), Migreurop vous propose un autre regard sur l’intersection entre liberté de circulation et accueil, à l’échelle des territoires.
La carte « Les territoires, archipel solidaire », de Morgane Dujmovic et Laurence Pillant, recense et représente, sous la forme d’un archipel imaginaire, diverses initiatives mises en place à l’échelon local (la région Auvergne-Rhône-Alpes). Elle permet de concevoir un accueil différent des personnes exilées, à contre-courant des « politiques nationales d’enfermement, d’expulsion et d’illégalisation ». (...)
Cette carte propose ainsi d’envisager différentes communes françaises comme des îlots au sein desquels les acteurs institutionnels et/ou les militant·e·s érigent l’accueil et la solidarité en principe, et participent à la construction d’un ordre politique divergent. C’est l’esprit du réseau ANVITA (Association nationale des villes et territoires accueillants), dont font partie les communes représentées et dans le cadre duquel leurs initiatives d’accueil sont nées.
Le texte « Liberté de circulation, accueil communal et solidarité locale » de Filippo Furri, qui accompagne cette carte, replace ces initiatives dans un contexte européen de résistance des acteur·ice·s des territoires, et de tentatives de fédération en faveur de l’accueil, en dépit de l’opposition des pouvoirs publics. (...)
C’est dans ce cadre qu’ont vu le jour plusieurs réseaux nationaux et transnationaux de territoires engagés, comme l’ANVITA, cherchant à mettre en lumière et en lien leurs initiatives en faveur de la solidarité et de la mobilité des personnes exilées.
Cette double-page nous invite ainsi à repenser la place de la liberté de circulation dans les dispositifs et politiques d’accueil, et les marges de résistance des acteur·ice·s œuvrant à l’échelon local, face aux politiques restrictives qu’imposent les gouvernements nationaux.