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"Les jeunes ont peur" : à Paris, les 430 mineurs isolés de Belleville mis à l’abri menacés d’un retour à la rue
#Paris #MNA #expulsions
Article mis en ligne le 2 novembre 2023
dernière modification le 1er novembre 2023

Parmi les 430 mineurs isolés du parc de Belleville, mis à l’abri le 19 octobre par la préfecture de Paris, plusieurs dizaines ont reçu ces derniers jours une notification de fin d’hébergement. Pour les associations et avocats qui défendent ces exilés, cette décision n’a d’autre but que de pousser ces jeunes à se faire déclarer comme majeurs, et à permettre à l’Etat de les expulser plus facilement du territoire.

Quelques nuits au chaud, et puis plus rien. À peine dix jours après la mise à l’abri de 430 mineurs non accompagnés (MNA) qui dormaient dans le parc de Belleville, dans le nord de Paris, depuis plusieurs mois, voilà que plusieurs dizaines d’entre eux vont de nouveau se retrouver à la rue.

Hébergés dans des Centres d’accueil et d’examen des situations administratives (CAES) dans toute l’Île-de-France depuis le 19 octobre, plusieurs dizaines de mineurs ont reçu ce mardi 31 octobre une notification d’expulsion de la structure, formulée par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII).

La raison de ce revirement ? Les jeunes ne se sont pas présentés à leur convocation par la préfecture de police distribuée après la mise à l’abri.

Pour Florian Bertaux, avocat de plusieurs jeunes et membre du collectif d’avocats d’aide aux étrangers, ces jeunes n’avaient aucune raison de se rendre à une convocation de la préfecture pour retirer un dossier d’asile, puisqu’ils sont déjà engagés dans une autre procédure : celle de faire reconnaître leur minorité.

"Mais comme ils ne sont pas allés en préfecture, ils ont reçu un avis d’expulsion de leur hébergement, ce qui n’a aucun sens !", s’indigne l’avocat.
"Cette convocation était un véritable piège"

Alerté par les associations le jour de la convocation, l’avocat s’est précipité à la préfecture pour s’entretenir avec un responsable : "On a expliqué qu’aucun des jeunes ne souhaitait répondre favorablement à la prise d’empreinte, il m’a répondu que la porte de sortie était grande ouverte. C’était hallucinant, même les agents au guichet n’ont pas compris ce que ces jeunes faisaient là", insiste l’avocat.

Contre-attaque judiciaire

La sanction n’a pas tardé à tomber. Des dizaines de jeunes qui ont refusé de se plier aux règles de préfecture de police ont reçu un avis d’expulsion de leur CAES, comme InfoMigrants a pu le constater (...)

Ces dernières années, l’ONU, le Conseil de l’Europe, le syndicat de la magistrature ou encore les associations ont tous demandé aux Etats de respecter une présomption de minorité pour les jeunes migrants en instance de recours, et la création de places d’hébergement dédiées, en vain.

Si 65% des recours de minorité aboutissent à Paris, selon Utopia 56, la procédure peut durer plusieurs mois. Pendant ce laps de temps, les jeunes ne sont pas pris en charge par l’Aide sociale à l’enfance. Ils errent donc de campements de fortune en squats, et beaucoup finissent par rentrer dans des réseaux de délinquance. (...)

Les associations craignent de perdre la trace des mineurs (...)

Dès jeudi, plusieurs mineurs devraient être expulsés des CAES d’Île-de-France. De leur côté, les avocats ont envoyé une lettre ouverte au préfet d’Île-de-France, à la préfecture de police, et à l’OFII.