La majorité des Allemands estiment que le pays devrait accueillir moins de réfugiés et veulent une solution au niveau européen pour faire baisser le nombre d’arrivées.
Le 29 janvier dernier, l’union entre les partis conservateurs CDU et CSU, soit la plus grande force d’opposition au Parlement allemand, brisait un tabou d’après-guerre, en s’appuyant sur le vote de l’extrême-droite pour appeler le gouvernement à durcir sa politique d’asile.
Le parti social-démocrate du SPD, les Verts et le parti de gauche Die Linke ont voté contre ce "plan en cinq points". (...)
Environ 68 % des Allemands pensent que le pays devrait accueillir moins de réfugiés, selon la dernière enquête mensuelle de Deutschlandtrend menée par le service public ARD.
Environ 22 % pensent que le nombre des demandes d’asile actuel peut être maintenu, alors que seulement 3 % estiment que l’Allemagne peut accueillir davantage de réfugiés.
Différend sur les contrôles aux frontières
Le plan proposé par la CDU/CSU exige notamment des "contrôles permanents aux frontières" avec les pays voisins ainsi que le "rejet de toutes les tentatives d’entrée illégale, sans exception", y compris donc celles de personnes cherchant à demander l’asile.
Si la motion a été adoptée par les députés, elle n’est toutefois pas contraignante et se veut comme une déclaration d’intention politique.
En attendant, l’enquête Deutschlandtrend montre qu’une majorité d’Allemands approuve les demandes de la CDU/CSU. (...)
Il n’est toujours pas clair si de telles mesures seraient compatibles avec le droit de l’Union européenne (UE) et le principe de libre circulation garanti au sein de l’espace Schengen.
En Allemagne, la police mène des contrôles à toutes les frontières terrestres du pays depuis l’automne dernier dans le but affiché de réduire l’immigration irrégulière. Ce dispositif est prévu de durer jusqu’en mars. (...)
Le Luxembourg a d’ores et déjà annoncé vouloir saisir la Commission européenne si l’Allemagne demandait une prolongation de ces contrôles. L’Espagne a également été critique, affirmant que les frontières de l’espace Schengen devraient rester ouvertes par principe.
Malgré ces contrôles, seule une minorité d’Allemands estiment que le pays maîtrise le flux de migrants arrivant dans le pays. Seule une personne sur dix pense que les autorités effectuent les contrôles d’identité adéquates ou avancent des chiffres réels. (...)
Dans l’étude Deutschlandtrend, 61 % des interrogés plaident pour des solutions européennes communes. Seuls les électeurs du parti d’extrême-droite AfD estiment dans leur majorité que les Etats membres doivent privilégier des actions unilatérales en matière de politique migratoire.
Des électeurs pessimistes
Une ambiance morose domine la campagne électorale et l’ambiance générale. Pour 83 % des personnes interrogées, le pays se trouve actuellement dans une situation préoccupante. Seulement 13 % des répondants voient des raisons d’être optimistes.
Au-delà de la question de l’immigration, les Allemands se disent inquiets de la santé économique du pays. Quelque 20 % des sondés citent les conflits armés dans le monde et 18 % la droitisation de la société comme sources de préoccupation. (...)