Dans une grotte andalouse, des chercheurs ont exhumé une découverte pour le moins inattendue : des nids de vautours contenant des objets humains vieux de plusieurs siècles. Ce qu’ils ont trouvé au milieu des os et des brindilles raconte une histoire étonnante, à la croisée de la nature et de l’archéologie.

Tout est parti d’une chaussure en herbe tressée retrouvée dans un ancien nid de vautour dans le sud de l’Espagne. En examinant d’autres gîtes voisins, les chercheurs ont mis au jour une série d’artefacts : fragments de cuir, de tissu et de corde, préservés par les conditions stables des grottes.

« Les bonnes conditions des grottes ont permis de préserver les artefacts pendant des siècles, ce qui suggère que ces nids sont de véritables musées naturels », explique Antoni Margalida, écologiste à l’Institut pyrénéen d’écologie (CSIC) et co-auteur de l’étude publiée dans la revue Ecology.

Des espadrilles médiévales dans les nids du gypaète barbu

L’équipe a étudié douze nids de gypaètes barbus (Gypaetus barbatus), une espèce disparue du sud de l’Espagne depuis plus de 70 ans. En majorité constitués d’os et de coquilles d’œufs, ces abris renfermaient aussi environ 9 % de matériaux d’origine humaine (...)

Datée au carbone 14 d’environ 750 ans, cette chaussure en alfa, l’ancêtre des espadrilles paysannes, témoigne d’un usage domestique courant au Moyen Âge. Antoni Margalida suppose que les rapaces auraient volé ces objets directement aux habitants, plutôt que de fouiller des ruines.

Dans le même nid, un morceau de cuir de mouton peint à l’ocre rouge, daté de 726 ans, renforce cette chronologie. Grâce à la stabilité thermique et à la faible humidité des grottes ibériques, ces nids forment de véritables capsules temporelles.

Les chercheurs comptent désormais analyser chaque strate pour identifier et dater précisément les restes organiques et artificiels accumulés au fil des siècles.