
Que ce soient les cosmétiques, l’alimentation, le tourisme et bien d’autres, de plus en plus de secteurs ont recours à des scientifiques pour donner de la crédibilité à leurs projets ou produits. Un "science washing" qui sert les intérêts privés, au détriment de l’intérêt général.
C’est une vidéo pour le moins surprenante : on y voit le chercheur François Gemenne, spécialiste des questions de géopolitique de l’environnement et des migrations, nous saluer en anglais des Émirats Arabes Unis en mode selfie, caméra à la main, t-shirt et lunettes de soleil, un vrai influenceur !
La vidéo a été publiée il y a quelques jours par le géant français des matériaux Saint Gobain, qui fête ses 360 ans et a engagé pour l’occasion le scientifique qui fait la promo du groupe à base de visites dans des lieux "incroyables", dit-il, pour vanter les produits de l’entreprise.
Et ce n’est pas la seule vidéo : François Gemenne en a fait ces derniers mois en Chine, en Afrique du Sud, et aux États-Unis… En assumant totalement ce partenariat rémunéré car, je cite sa réponse à mes questions : même s’il ne s’agit "évidemment pas de science, en tant que chercheur engagé dans le débat public, il est de (s)on devoir de tout faire pour encourager la transition et notamment de travailler avec les entreprises engagées dans la décarbonation", d’autant qu’il rappelle ne plus être auteur du GIEC depuis la publication du 6e rapport en 2023.
Un procédé périlleux à l’heure où la science est attaquée
Des arguments qui ne passent pas chez certains scientifiques de premier plan qui ont même cru à un fake tellement "c’est affligeant" (je cite aussi) et regrettent au passage la diffusion d’un imaginaire dans des bâtiments de luxe, sans jamais parler de sobriété ni des sujets qui fâchent - genre la production de pétrole aux Émirats.
Mais cette histoire illustre surtout un phénomène bien plus large et périlleux à l’heure où la science est attaquée de partout : le « science washing »… Nouvelle combine des industriels pour faire croire que tel ou tel procédé est validé par la science. (...)