
Le 23 juin 2025 s’est tenu à la sixième chambre du Tribunal correctionnel de Pontoise le procès d’une expulsion sauvage de Roms à Villeron, dans le Val d’Oise. Appelé par la Voix des Rroms et son avocat à témoigner en mobilisant mes travaux sur la « question rom », faute de pouvoir être présent, j’ai rédigé à l’attention du tribunal l’attestation que je livre ici.
Après cette expulsion sauvage, plusieurs des expulsés ont porté plainte. Une enquête a été ouverte. Le maire a été poursuivi, ainsi qu’un des manifestants, pour contrainte et violence en raison de l’origine, tandis que quatre autres personnes impliquées dans cette action ont été citées à comparaître par l’association La Voix des Rroms, qui s’est portée partie civile en même temps que le MRAP, la Fondation pour le logement (ex-Fondation Abbé Pierre) et le Collectif national droits de l’homme Romeurope.
Après une brève délibération, les juges ont prononcé la relaxe des six prévenus, ainsi justifiée : « Notre rôle était de dire si les infractions reprochées à chaque prévenu étaient constituées, et pas de dire si ce qui s’est passé est bien ou pas bien. » Il ne s’agit pourtant pas de morale, mais de droit : les expulsions illégales sont-elles désormais légalisées ? Sans prétendre interpréter l’intention des juges, force est de constater que les juges ont repris à leur compte la vision des riverains et du maire qui s’interroge d’ailleurs au procès : « Qu’est-ce que j’ai dit de mal ? » Autrement dit, la justice donne raison à ceux qui se substituent à la justice.
Pareille décision ne pourra qu’encourager d’autres « riverains » à agir en toute impunité. (...)
Aujourd’hui, ce jugement apparaît comme un blanc-seing d’irresponsabilité. Les Roms ne seront même pas indemnisés ; en revanche, le conducteur de la pelleteuse devra l’être par les plaignants pour avoir été cité à comparaître. Sans doute est-il jugé irresponsable, puisqu’il est intervenu à la demande du maire. Mais ce responsable est également jugé irresponsable (...)