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Le Crime du XXIe siècle - Ce qu’Edward Bond nous dit de Gaza
#israel #palestine #Gaza
Article mis en ligne le 10 octobre 2024
dernière modification le 7 octobre 2024

J’ai vu cette image. Qui l’a vue ? Combien d’entre nous l’ont vue ? Une couverture « princesses Disney » : Arielle, Belle et Cendrillon servant de linceul au corps d’un enfant, d’une enfant, déterré à main nue de l’immeuble bombardé

« Maintenant dors mon enfant
Si j’écrivais de la musique je composerais ce poème pour toi pour voix violoncelle et piano
Je te bercerai dans le berceau du monde
Je te garderai de tout ce qui blesse »
EB, Travail [3]

Edward Bond vient de mourir, alors que rugit en Palestine un génocide dont l’atrocité du récit quotidien égare notre raison. Une « guerre contre les enfants [4] ». Ce n’est pas surprenant. Cet enfer du XXIe siècle, il a consacré tout son travail à le décrire, dans le détail, pour qu’on apprenne à le reconnaître et à le dénoncer. Pour qu’on reconnaisse la justice quand on la croise au coin de la rue. (...)

« Imaginez vivre dans un monde où vous pourriez être arrêté ou exclu pour avoir dit de ne pas tuer d’enfants, parce que cela pourrait blesser les sentiments des tueurs. » (...)

Dans les premiers mois du massacre, je marchais dans les avenues de ma ville et je voyais… les immeubles dans les rues touchés par des bombes et s’effondrer en ruine, les cris alors des gens, la terreur autour, les bruits des secours, des sirènes, des alarmes. Ce qu’Akram Belkaïd a si bien su transcrire ici : « Regardez autour de vous. Fixez les constructions, dévisagez les gens. Puis imaginez le tout dévasté. Représentez-vous la mort et la désolation, les orphelins et les plaintes des vivants. Peut-être alors [saisirez]-vous ce qui se passe à #Gaza. Peut-être alors protesterez-vous. »

J’avais aussi du mal à voir des enfants dans les bras de leur mère sans que les larmes ne me prennent. Les textes (poésie, théâtre, théorie) d’Edward Bond racontent, précisément, cette interpénétration d’un monde qui semble ne pas être le nôtre et qui pourtant saute à pieds joints dans notre crâne pour devenir notre lieu à nous. (...)

« Entre le berceau et la tombe il n’y a ni ciel ni mer ni forêt ni terre – pas de temps – pas d’espace – nulle part où nous cacher
Nous ne pouvons parler de liberté parce que nous n’avons pas dit
Je suis le lieu où les autres sont »

(...)

Il n’y a plus de tombes à Gaza. Au début, ils déterraient des corps de sous les décombres et cherchaient à les enterrer, mais les chars ou les bulldozers israéliens ont rasé les cimetières. Puis il a fallu reconstituer les corps : « Après une frappe de missile, tout le monde cherche des débris de corps pour reconstituer l’être cher. Partout dans le monde, être une bonne mère consiste à nourrir ses enfants et à les garder au chaud, à Gaza cela consiste à les enterrer entiers [10]. », et enterrer les enfants de ses propres mains. (...)