
Comment résister intelligemment à une époque dégueulasse ? Réponse revigorante avec l’historienne, professeure à l’université de Californie à Los Angeles, qui vient de quitter les États-Unis de Donald Trump.
« C’est en ce moment pour moi une sale époque, toutes les époques d’ailleurs sont dégueulasses dans l’état où je suis » : faisant écho à nos contemporaines inquiétudes et incertitudes, cette confidence d’Antonin Artaud (dans La Révolution surréaliste en 1925) a inspiré Laure Murat pour son nouveau manuel de résistance.
Toutes les époques sont dégueulasses, qui vient de paraître chez Verdier, prolonge la démarche d’un précédent manifeste de l’écrivaine, Qui annule quoi ? paru au Seuil en 2022 : prenant à bras-le-corps les débats sur la « cancel culture » – l’annulation de symboles des oppressions – et sur la réécriture de classiques de la littérature – encombrés de racismes ou de sexisme –, elle indique la voie de révoltes qui aient l’intelligence de leurs colères. En d’autres termes, de résistances qui ne débouchent pas sur des impasses, et donc des déceptions, à force d’imiter les dominations qu’elles combattent.
« Soyons “woke”, mais avec méthode ! », recommande l’autrice d’ouvrages majeurs sur les causes intersectionnelles de l’émancipation qui fédèrent tous les combats de l’égalité, sans distinction d’origine, de condition, d’apparence, de croyance, de sexe ou de genre. (...)
Rendez-vous avait été pris il y a plusieurs mois quand l’universitaire, professeure à l’université de Californie à Los Angeles (UCLA), aux États-Unis, avait annoncé son choix de quitter ce pays et, surtout, cette ville dont elle était tombée amoureuse, en raison du retour au pouvoir de Donald Trump. Expliquant pourquoi, avec ce dernier à leur tête, les États-Unis ne sont plus une démocratie, elle confie cependant avec optimisme sa conviction que #MeToo est une révolution irrépressible qui frappe en leur cœur les dominations et les oppressions.
Après avoir revisité les tenaces adversités que ce mouvement de libération a dû affronter en France – de la tribune de Catherine Deneuve en défense d’une prétendue « liberté d’importuner » au soutien apporté par Emmanuel Macron à Gérard Depardieu –, Laure Murat lance un appel à une recherche collective confrontant la liberté de création à la question morale – un débat difficile que recouvre l’habituelle excuse sur la distinction « entre l’homme et l’artiste ». Elle termine enfin par un message adressé aux hommes, les invitant à vouloir, vraiment, « un avenir commun avec les femmes ».
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