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Mediapart
La violence entre le Hezbollah et Israël a franchi un nouveau cap
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #Liban
Article mis en ligne le 26 août 2024

Le Hezbollah a lancé une opération de grande ampleur vers Israël dimanche à l’aube en réponse à l’assassinat d’un haut gradé du parti. Le mouvement libanais, qui affirme avoir agi seul, clame la victoire, assurant avoir visé une base de renseignement clé de l’armée israélienne près de Tel Aviv, ce qu’Israël dément fermement.

« C’était la nuit la plus terrifiante depuis le début de la guerre. Nous avons dû fuir car il y avait trop de bombardements », explique Dory Farah, un habitant d’Alma Chaab, un petit village du sud du Liban, proche de la frontière avec Israël. La plupart des habitants sont pourtant accoutumés aux bruits des bombes et des roquettes, qui pleuvent presque chaque jour aux alentours de la localité depuis le 8 octobre, date à laquelle le Hezbollah, une puissante milice chiite alliée à l’Iran, a ouvert un front de solidarité avec le Hamas, son allié.

Mais la nuit de samedi à dimanche a été différente : aux environs de quatre heures du matin, l’armée israélienne a lancé une vaste attaque qu’elle a qualifiée de « préventive » dans le sud du Liban. Son ampleur est inédite en termes d’intensité : environ « 100 avions de chasse de l’armée de l’air ont frappé et détruit des milliers de lance-roquettes du Hezbollah, qui étaient prêts à tirer immédiatement vers le nord et le centre d’Israël », selon l’armée israélienne, qui ajoute que plus de 40 sites de lancement du Hezbollah auraient été visés.

Une heure plus tard, le Hezbollah a annoncé une offensive d’envergure en riposte à l’assassinat de l’un des plus hauts commandants du groupe, Fouad Chokr, tué par Israël le mois dernier dans la banlieue sud. Le groupe militant a alors déclaré avoir lancé plus de 320 roquettes katioucha sur 11 bases militaires en Israël. (...)

Depuis plusieurs semaines, le Liban vit comme en suspens, dans la crainte qu’une riposte mal calculée du Hezbollah ne transforme un conflit, jusqu’à présent largement confiné à la frontière entre le Liban et Israël, en guerre de grande ampleur. Le faux pas est pour l’instant, encore une fois, évité. (...)

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans un discours très attendu dimanche soir, a écarté la possibilité d’une guerre imminente, indiquant aux Libanais qu’ils peuvent à présent « respirer ». Il a estimé l’opération de riposte contre Israël terminée, tout en se réservant le droit de « riposter une autre fois » contre Israël.

Mais pour les 60 000 habitants du sud du Liban restés dans leurs villages à la frontière, parfois pour des raisons économiques, parfois par attachement à leur terre, ou souvent pour les deux, la situation est devenue intenable (...)

« Les gens n’en peuvent plus. La plupart ne reviendront pas ; c’est impossible quand on a des enfants, c’est trop dangereux. Bien sûr, ça fait peur, on craint une guerre totale » (...)

Plus de 600 personnes ont été tuées au Liban depuis le début du conflit à la frontière entre le Liban et Israël, principalement des combattants du Hezbollah, mais aussi 131 civils, selon un décompte de l’AFP. En Israël, les autorités ont annoncé la mort d’au moins 23 soldats et 26 civils. (...)

Une source diplomatique occidentale estime que le Hezbollah a raté sa riposte tant attendue, avec une « opération en demi-teinte » qui « va difficilement convaincre ». La source estime que, à court terme, cette riposte pourrait calmer l’escalade. « Sur le long terme, en revanche, rien n’est moins sûr », ajoute-t-elle. Israël, s’il estime avoir affirmé sa supériorité face à son ennemi, pourrait en profiter pour intensifier les hostilités.

Depuis plusieurs mois, Israël menace le Liban d’une guerre totale si le Hezbollah ne se retire pas de la frontière sud, par la force ou la diplomatie, afin que les populations évacuées du nord puissent revenir en toute sécurité. (...)