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La ville de Berlin veut ériger deux monuments pour honorer les travailleurs immigrés
#Berlin #immigration #Allemangne
Article mis en ligne le 14 mai 2024
dernière modification le 12 mai 2024

La capitale allemande veut rendre hommage aux contributions des travailleurs immigrés lorsque l’Allemagne était encore traversée par le mur et divisée entre Est et Ouest.

L’histoire du quartier berlinois de Kreuzberg, autrefois du côté Ouest du mur de Berlin, est fortement liée à l’immigration turque, même si, aujourd’hui, on a presque autant de chances d’entendre ses habitants parler anglais ou espagnol que turc ou allemand.

Une initiative vise désormais à y ériger un monument pour rendre hommage aux "Gastarbeiter", littéralement "travailleurs invités", en particulier ceux de la première génération arrivés à partir du milieu des années 50. Le projet prévoit également un mémorial distinct pour les anciens travailleurs venus du Vietnam et d’autres "États frères socialistes" lorsque Berlin-Est était encore sous régime communiste.

Ce projet est porté par Sevim Aydin, membre du Sénat local de Berlin. Ses parents, aujourd’hui décédés, ont fait partie de la première génération de travailleurs immigrés. Elle veut pallier l’absence de reconnaissance de la contribution des migrants à la réussite de l’Allemagne. (...)

Selon l’Office allemand des statistiques, plus de 25 % des 83 millions d’Allemands sont issus de l’immigration. Parmi les enfants, ce taux s’élève à 40 %.

Répondre à la réalité multiculturelle de l’Allemagne (...)

Natalie Bayer, directrice du musée FHXB Friedrichshain-Kreuzberg estime que le projet permet également de dénoncer le racisme dont ont été victimes de nombreux travailleurs immigrés. Elle a été élevée par sa mère coréenne dans l’ancienne Allemagne de l’Ouest et affirme que "les travailleurs immigrés dans l’Allemagne de l’Est ont vécu un niveau de racisme particulièrement dramatique". (...)

En ex-Allemagne de l’Est, la RDA, le plus grand nombre de travailleurs migrants sont venus du Vietnam et du Mozambique dans les années 1980.

Ces travailleurs contractuels ont souvent été contraints de remettre leur passeport à leur arrivée. Pour les femmes, être enceinte était généralement synonyme d’avortement ou d’expulsion. Les nouveaux arrivants vivaient en grande partie coupés du reste de la population. Les interactions étaient mal vues.

Beaucoup sont venus avec l’espoir ou la promesse d’obtenir une bonne formation et un emploi. Pour la RDA, cette main d’oeuvre bon marché visait à soutenir une économie en berne.

Une partie des salaires était retenue pour régler les dettes des pays d’origines ou pour remplir les caisses de l’Etat est-allemand. "Nous étions pratiquement des esclaves modernes", se souvient Adelino Massuvira Joao, un ancien travailleur venu du Mozambique. (...)

Discrimination et emplois ingrats

L’ancienne Allemagne de l’Ouest, la RFA, a signé un premier accord de recrutement avec l’Italie au milieu des années 1950.

D’autres pays, principalement du sud de l’Europe, ont suivi. Les migrants turcs ont commencé à arriver au début des années 1960 et sont finalement devenus la plus grande minorité d’Allemagne. Les travailleurs immigrés avaient tendance à occuper des emplois mal payés ou que personne ne voulait faire.

Aucune des deux Allemagnes ne s’attendait à ce que ces travailleurs, confrontés des deux côtés du mur à la marginalisation, la discrimination et le racisme, ne restent. (...)