Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
confederation paysanne
La Via Campesina exhorte l’ONU commerce et développement (CNUCED) à soutenir un cadre commercial mondial basé sur la souveraineté alimentaire
#CNUCED #ONU #souverainetealimentaire #ViaCampesina
Article mis en ligne le 12 juillet 2024
dernière modification le 10 juillet 2024

(...) Au nom de La Via Campesina, l’un des plus grands réseaux mondiaux de petit.es producteur.rices alimentaires, regroupant 180 organisations paysannes et de peuples autochtones dans 81 pays, nous adressons nos salutations et nos meilleurs vœux pour le 60e anniversaire de L’Organisation des Nations Unies commerce et développement (CNUCED).

Nous nous souvenons des nobles intentions qui ont présidé à la création de la CNUCED : la quête d’indépendance de nombreux pays du Sud et l’aspiration à réformer l’ordre commercial mondial hérité de la colonisation, en vue d’un commerce au service des populations, en particulier dans le Sud global. Cependant, nous vivons une époque exceptionnelle qui trahit ces intentions, et nous espérons que la CNUCED à 60 ans est consciente des réalités auxquelles l’humanité est confrontée aujourd’hui.

La géopolitique mondiale évolue vers la multipolarité, conséquence de la politique étrangère hégémonique de longue date des superpuissances occidentales et de la montée en puissance des entreprises transnationales. Cette politique a dicté les règles du commerce mondial, conçues pour bénéficier et étendre les intérêts économiques d’une petite oligarchie, leur permettant de contrôler fermement les ressources limitées des pays du monde entier. Ce monde multipolaire émerge au milieu de catastrophes climatiques récurrentes, issues d’un modèle extractiviste d’industrialisation initialement conçu dans le Nord global et systématiquement exporté vers le Sud. Les programmes d’ajustement structurel, les accords de libre-échange et les cadres de partenariat économique perpétuent ce modèle, aggravant la perte de vies humaines, de moyens de subsistance et exacerbant la faim et la malnutrition mondiales.

Nous affirmons que la mondialisation n’a pas tenu ses promesses d’inclusivité et de prospérité, tant pour les populations que pour la planète.

À plusieurs reprises, nous avons tiré la sonnette d’alarme contre des institutions comme l’Organisation mondiale du commerce, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, qui ont favorisé la privatisation, la déréglementation et la financiarisation des écosystèmes. Nous avons averti contre la marchandisation des semences et des cultures, le démantèlement des programmes alimentaires publics et la montée des fermes industrielles et des entreprises agroalimentaires transnationales, prévoyant la concentration de la chaîne alimentaire mondiale et ses conséquences catastrophiques.

Depuis 2023, des manifestations ont éclaté dans près de 90 pays, menées par des groupes marginalisés désillusionnés par les fausses promesses de la mondialisation. Les gouvernements du Sud global, longtemps trompés par ces promesses, se réveillent à la réalité de leur ressentiment. Le désir de s’intégrer à l’OMC, autrefois considéré comme une solution, s’est révélé illusoire, car l’ordre commercial a constamment favorisé les entreprises transnationales et les oligarchies du Nord. Même les gouvernements du Sud qui ont démontré la volonté politique de mettre en œuvre des politiques agricoles publiques favorisant une meilleure régulation du marché, le soutien des prix et des programmes de réduction de la pauvreté sont insidieusement piégés par les institutions financières mondiales dans d’énormes dettes financières externes, limitant leur capacité à mettre en œuvre des politiques publiques significatives.

Les temps extraordinaires exigent des solutions extraordinaires, venues du peuple. (...)

L’OMC est restée l’outil des oligarchies du Nord pour accroître l’accès au marché des entreprises transnationales. Elle n’a jamais été bénéfique pour les populations, en particulier dans les pays du Sud. Nous appelons la CNUCED et tous les pays membres à reconnaître cet échec et à renouer avec son mandat initial : créer un cadre commercial international équitable orienté vers la souveraineté des peuples et la justice sociale. (...)

En 2022, La Via Campesina a lancé la création d’un cadre commercial mondial en collaboration avec des organisations paysannes et autochtones dans 80 pays. Ce cadre repose sur les principes de la souveraineté alimentaire, de l’internationalisme et de la solidarité. (...)

Nous invitons la CNUCED et ses États membres à collaborer avec nous pour construire ce cadre. Nous proposons un processus participatif au sein de l’ONU, avec la participation active de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Notre objectif est de créer une société où la faim est éradiquée et où la justice sociale prévaut. (...)