
(...) Les charges les plus récentes remontent à la dernière rentrée scolaire où, successivement, le Figaro Magazine et le Figaro Histoire profitant des mobilisations récentes et légitimes des enseignants sur la suppression de l’histoire en Terminale S ou sur le programme de 1ère réaffirment leurs positions de gardiens d’un certain récit historique garant de la grandeur puis de la préférence nationales.
Le Figaro magazine publie donc un dossier au titre tonitruant : « Qui veut casser l’histoire de France ? ». Comme à l’accoutumée, Jean Sévillia se défend de tout positionnement politique et affirme au contraire libérer l’histoire des asservissements idéologiques – manifestement l’apanage d’une gauche pédago-mondialiste aussi honnie que peu définie – pour la rendre à « l’immense majorité des Français, au-delà de la droite et de la gauche, [qui] aiment l’histoire, et donc l’histoire de leur pays ». Enoncé dans un journal assumant une ligne politique clairement à droite, un tel œcuménisme naïf pourrait faire sourire. Ce serait une erreur. Se considérer comme au-dessus des confrontations partisanes consubstantielles aux pratiques démocratiques et appeler à l’unité patriotique en opposant le « nous » liant le corps national aux « eux » qui le divisent ou l’affaiblissent appartiennent au répertoire de l’extrême-droite.
Vague brune sur l’histoire de France :
Une rapide lecture du dossier confirme qu’un seuil a été franchi. Cet article ne se contente pas d’accumuler des clichés nostalgiques ou des positions conservatrices. Il flatte la xénophobie, le culte des grands hommes et le virilisme. C’est un exemple saisissant de l’acculturation des thématiques d’extrême-droite au sein des discours de droite. (...)