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La France, championne des dépressions dues au harcèlement moral
#harcèlement #travail
Article mis en ligne le 11 octobre 2023
dernière modification le 9 octobre 2023

Les risques psychosociaux au travail représentent un fardeau économique, social et mènent à des pathologies, pas toujours reconnues comme des maladies professionnelles.

maginez… D’un côté, vous craignez quotidiennement de perdre votre emploi, de l’autre, vous développez une maladie cardiovasculaire. Autre scénario : vous avez l’impression de fournir des efforts considérables au boulot, sans jamais être récompensé, et en même temps, vous faites une dépression.

D’emblée, vous ne feriez pas le lien. Et pourtant, les risques psychosociaux (RPS) subis au travail peuvent bel et bien mener à des maladies, qui ne sont pas toujours reconnues comme professionnelles. C’est ce que montrent Hélène Sultan-Taïeb, économiste de la santé au travail (à l’Université du Québec à Montréal) et Isabelle Niedhammer, épidémiologiste (à l’Inserm), dans une étude menée à l’échelle européenne, financée par l’institut de recherche indépendant Europeen... (...)

« Nous avons ciblé cinq risques psychosociaux, précise Hélène Sultan-Taïeb. Pour commencer, le “job strain”, c’est-à-dire la combinaison de fortes exigences psychologiques et de faibles marges de manœuvre au travail. Ensuite, le déséquilibre entre efforts fournis et récompenses – en termes de salaires, de promotion, de respect de la part de son manager, de ses collègues etc. Troisième facteur, l’insécurité de l’emploi – quand on craint de perdre son emploi dans les six prochains mois. Puis, le temps de travail prolongé (55 heures et plus par semaine) et enfin, le harcèlement moral. » (...)

la France arrive en tête en termes de dépressions attribuables au harcèlement moral au travail. (...)

Au-delà de l’aspect économique, les conséquences des RPS au travail sont des années de vie en moins pour les personnes exposées. (...)

des outils existent pour prévenir les risques psychosociaux au travail.

« Au niveau organisationnel, dans les modes de management, la répartition des tâches, la définition des objectifs, la gestion des horaires, des équipes, énumère Hélène Sultan-Taïeb. Il faut mettre en place des politiques de tolérance zéro face au harcèlement moral, qui peut se traduire par le fait d’isoler volontairement une personne, la critiquer de façon permanente en public, lui confier des tâches inutiles et peu valorisantes comme mode de sanction, ou la mettre sous une pression insoutenable de façon répétée. »

L’économiste reconnaît qu’il est plus complexe d’agir sur les risques psychosociaux car cela questionne les modes de management. La méthode doit être dévelopée en fonction du milieu du travail

« Il faut établir un diagnostic des causes, identifier les besoins, les comportements, les éléments de la culture d’entreprise, engager une réflexion collective et entamer des changements. »

Ces actions sont efficaces, conclut Hélène Sultan-Taïeb (...)

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