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Le Monde
L’appel de 1 200 soignants : « Nous n’avons pas choisi ce métier pour vous faire subir cette violence et être maltraitants »
#hopitaux #urgences #soignants #maltraitance
Article mis en ligne le 8 octobre 2023
dernière modification le 7 octobre 2023

Plus d’un millier d’aides-soignants, infirmiers, de sages-femmes ou médecins hospitaliers dénoncent, dans une tribune au « Monde », les « dilemmes éthiques intenables » auxquels ils sont confrontés faute de lits et de personnel, et appellent les députés à voter la proposition de loi garantissant un nombre maximal de patients par soignant.

Nous ne vous écrivons pas pour obtenir votre sympathie ni votre empathie. Vous avez, maintes fois, entendu parler des conditions difficiles dans lesquelles nous faisons notre travail, vous nous avez applaudis pendant la crise due au Covid-19, parfois accompagnés en manifestation, et nous vous remercions pour votre soutien.

Nous vous écrivons, aujourd’hui, pour vous alerter du danger auquel vous êtes exposés : dorénavant, nous, soignants, sommes contraints en toutes circonstances de trier les patients, de vous trier. Pis : parfois, nous n’arrivons même plus à vous prioriser par ordre de gravité. (...)

nous ne sommes plus en nombre suffisant pour prendre correctement en charge votre problème médical et répondre à vos questions. Dans un grand hôpital de France – nous n’avons pas le droit de donner de nom –, il manque aux urgences encore ouvertes trente infirmières sur un effectif théorique de soixante-cinq. Nous nous épuisons. Mais nous ne vous le disons pas. Parce que le pire est pour vous. (...)

Près de 80 000 lits d’hôpitaux ont été supprimés entre 2003 et 2019 par volonté politique de promouvoir les soins de moins de vingt-quatre heures. Et actuellement, en raison de la démission du personnel, il y a dans certains hôpitaux de France jusqu’à 30 % de lits fermés, parfois des services entiers.

Dès votre arrivée, si vous avez besoin de rester à l’hôpital, nous savons qu’il sera très difficile de trouver un service pour vous accueillir. Pour éviter que vous finissiez sur un brancard dans un couloir, nous allons être obnubilés par l’idée de vous faire retourner chez vous et ce, dans certains endroits, qu’il fasse jour ou nuit, que vous viviez seul ou non, que vous soyez un enfant ou une personne âgée. Cela nous rend désagréables, parce que nous sommes confrontés à des dilemmes éthiques intenables et n’avons pas choisi ce métier pour vous faire subir cette violence, pour être maltraitants. (...)