
Il est le prisonnier politique le plus ancien de France : Georges Ibrahim Abdallah. En 2024, cela fera 40 ans que le condamné à perpétuité est sous les verrous. Une « peine de mort lente » disent ses avocats. Jugé pour complicité dans l’assassinat de diplomates israéliens et américains à Paris, le libanais communiste fait l’objet d’un film (à venir) de l’excellent et redoutable Pierre Carles (Pas vu pas pris, Enfin pris, La sociologie est un sport de combat).
Son Who wants Georges Ibrahim Abdallah in jail ? est le fruit d’une enquête indépendante démarrée il y a cinq ans. Le long métrage doit narrer dans quel contexte le militant pro-palestinien et ses camarades des FARL (Fraction Armées Révolutionnaires Libanaises) ont été amenés à prendre les armes, au Liban puis en Europe, à la fin des années 70/début des années 80. Et comment la presse de l’époque, intoxiquée par les Services, a joué le jeu qu’on attendait d’elle. C’est aussi l’histoire d’une détention hors-norme, d’ingérence étatsunienne, de géopolitique entre la France, l’Iran, Le Liban, Israël, les Etats-Unis, d’une fake news retentissante. En réalisant ce film, Pierre Carles réunit deux de ses obsessions : la lutte armée, et la manipulation de la presse. C’est sa première venue Au Poste. (...)
« Quand vous verrez le film, vous verrez qu’on a raconté un nombre de conneries énormes sur Georges Ibrahim Abdallah en 1986 […] Beaucoup de personnes vont être mises en cause. […] L’objectif est de faire bouger les lignes, si Abdallah n’est pas libéré avant la sortie du film. » (...)
« Aujourd’hui on a l’impression en lisant les médias que lutte armée = terrorisme […] Les militants pro-palestiniens radicaux prenant les armes étaient appelés pendant très longtemps les fedayin. Ce terme a disparu du vocabulaire journalistique. On utilise très peu le terme guérillero, alors que la guérilla est une guerre non conventionnelle, qui attaque l’ennemi là où il ne s’y attend pas : c’est ce qu’a fait le groupe de Georges Ibrahim Abdallah. » (...)
« 24-25 ans de prison, c’est le maximum pour les prisonniers politiques, même pour ceux qui ont assassiné des politiques sur le territoire français, comme Pierre Alessandri, condamné dans l’assassinat du préfet Erignac en 1998. 40 ans, c’est délirant. Certains avocats parlent de peine de mort lente ou de guillotine sèche, alors qu’en Europe, on n’a pas le droit d’être emprisonné sans espoir de libération. »
Pierre Carles
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