
Réduire l’Italie à la seule figure de Berlusconi oblitère tout ce que la situation politique de l’autre côté des Alpes peut avoir de désespérante. Et elle l’est d’autant plus qu’elle dure depuis longtemps. Les attaques anti-démocratiques paralysent l’État de droit et le soumettent à une anamorphose continue de ses institutions que la gauche affaissée n’arrive plus à combattre. État des lieux.
Il n’y a plus aujourd’hui, en Italie, de représentation démocratique des forces de gauche. C’est pourtant dans ce même pays qu’avait subsisté, jusqu’au début des années 1980, un des plus importants mouvements ouvriers d’Europe. Mais la gauche s’est affaissée, du fait de la déstructuration profonde de son assise sociale, née de la destruction de la grande et moyenne industrie. Depuis lors, les représentants politiques — qu’ils soient de gauche ou de droite — ne proviennent plus de classes sociales correspondant aux principales activités économiques ou aux agrégations socioculturelles les plus importantes, mais de milieux parasitaires : monde de la télé et des médias, de la finance liée à la bourse, de la spéculation immobilière, de la santé privatisée, de la mode, des sports — de plus en plus affectés par le dopage — et même, de la mafia. (...)
La gauche italienne a entamé sa transformation lorsqu’elle a voulu s’inspirer des think tanks néo-libéraux américains et anglais pour ce qui concerne le welfare, la flexibilité, les privatisations, la sécurité ou la politique migratoire.(...)
Pour ce qui concerne les politiques économiques et sociales, ces même dirigeants de gauche, tout comme les intellectuels, ont épousé la cause de la « rigueur nécessaire pour tous », censée permettre de diminuer la dette publique. Dans le même temps, les inégalités sociales n’ont cessé de s’accroître(...)
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