
Depuis 2008 Kamel Daoudi est assigné à résidence par le Ministère de l’Intérieur. Sa situation unique fait de lui un rat du laboratoire répressif français.
Sa vie est un cas d’école des pratiques kafkaïennes de l’antiterrorisme. Condamné en 2005 à six ans de prison et à la déchéance de sa nationalité française pour un projet « en relation avec une entreprise terroriste », sur la base de « soupçons » des services de renseignement, il sort en 2008 mais n’est pas expulsé vers l’Algérie car il risque d’être torturé dans ce pays. Kamel Daoudi reste donc en France mais il se retrouve, malgré lui, dans les griffes d’un système tentaculaire. Pas emprisonné, mais pas libre pour autant, en ayant pourtant purgé sa peine.
Il est ainsi privé de ses droits élémentaires et d’une vie normale depuis 16 ans : assignations à résidence, déplacements forcés dans différentes communes rurales, surveillance permanente, sa vie de famille hachée, ses relations disséquées… De quoi devenir fou, pris dans le labyrinthe arbitraire du Ministère de l’Intérieur. Selon une décision du Conseil d’État rendue en mars dernier, il est désormais maintenu dans les limbes de l’antiterrorisme notamment à cause de prétendus liens… avec « l’ultra-gauche » !
En mai 2022, Kamel Daoudi publiait, aux éditions du Bout de la ville, un recueil de textes décrivant dans le détail la violence institutionnelle qu’il subit. Un ouvrage toujours essentiel, à la fois intime et universel car si le traitement qui lui est réservé est unique, il dit beaucoup de la liberté qui nous concerne tous et toutes : celle de pouvoir aller et venir. (...)