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Club de Mediapart/Géographies en mouvement
JO de Paris : salauds de pauvres !
#JO2024 #inegalites
Article mis en ligne le 27 juillet 2024

Comme à Rome autour du Colisée au temps des jeux du cirque, à Paris, en 2024, on nettoie les rues. Deux mondes s’ignorent : d’un côté des laissés-pour-compte, « déchets » de la mondialisation[1], de l’autre des humains élus – riches – assistent à des représentations destinées à les divertir pour reprendre le mot de Pascal dans ses « Pensées ». (Gilles Fumey)

Mercredi 17 juillet, ils ont été plus de 200 hommes, femmes et jeunes, sans abris, qui furent évacués de leur lieu de vie dans le nord de Paris. La troisième évacuation en trois jours, totalisant plus de 500 personnes. Le temps presse pour le ministre de l’Intérieur démissionnaire qui invisibilise la pauvreté.

Dans les neuf derniers mois, on hébergeait les familles ou des jeunes isolés loin de Paris, comme Besançon ou Rouen. Puis, soudainement, depuis trois jours, des places accessibles sur de stricts critères sont trouvées dans des centres d’accueil de l’Ile-de-France. Attention : ces places chères sont annoncées pour un ou deux mois, pendant la durée des Jeux. Les opérations sont menées par surprise, policiers en renfort, laissant papiers d’identité, médicaments perdus derrière eux.

Avec quinze millions de visiteurs attendus, le gouvernement veut vider les rues. En un an, 12 000 personnes ont été expulsées d’Île-de-France selon le collectif Le Revers de la médaille. Ces jours-ci, tout s’accélère. (...)

Utopia 56 avec d’autres associations de bénévoles ont accompagné les jeunes pour trouver un terrain vague indiqué par la Ville de Paris. Mais un peu avant minuit, la police les déloge, les voisins deviennent agressifs. Vers 2h du matin, les associations trouvent un parking souterrain abandonné, épuisées par plus de huit heures d’errance. Le lendemain, ils étaient plus nombreux encore.

Rien de nouveau : en 1947, le géographe Jean-François Gravier évoquait les expulsions des populations par Haussmann, dans la plaine Monceau à Paris (...)

On croit entendre Jean Gabin crier « Salauds de pauvres ! » dans La Traversée de Paris d’Autant-Lara, adapté d’une nouvelle de Marcel Aymé. Un film qui met en valeur la lâcheté des Parisiens et, notamment, des commerçants invectivant les sans-le-sou. Béatrice Vallaeys de Libération a contextualisé ce mot repris par Coluche, haut personnage de la solidarité. Saletés de pauvres ?