Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
club de Mediapart/ Aymeric Caron Député de Paris (REV, apparenté LFI)
JO de Paris : pourquoi il faut sanctionner Israël
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #CIJ #JO2024
Article mis en ligne le 15 janvier 2024
dernière modification le 14 janvier 2024

(...) En raison de la guerre en Ukraine, le Comité International Olympique (CIO) et le Comité international paralympique (IPC) ont décidé que les sportifs russes et bélarusses seront soumis à un traitement particulier lors des prochains JO qui se dérouleront à Paris cet été. Ils ne seront pas totalement exclus des Jeux, comme cela avait été un temps envisagé, mais ils devront concourir sous bannière neutre, c’est-à-dire sans représenter leur pays dont l’hymne ne sera pas joué en cas de victoire.

Ils devront en outre se révéler innocents de tout soutien actif à l’invasion russe en Ukraine et ne pas être « sous contrat » avec l’armée ou les agences de sécurité russes. Par ailleurs ils ne pourront concourir que dans les épreuves individuelles, ce qui signifie qu’il n’y aura pas à Paris d’équipes composées de sportifs russes ou bélarusses. Enfin, ces derniers seront absents des épreuves d’athlétisme, même individuelles, puisque la Fédération internationale d’athlétisme s’oppose à leur présence.

Sanctionner un sportif en raison de la politique menée par le gouvernement du pays dont il est citoyen n’est pas un principe satisfaisant, surtout si le pays en question se rapproche davantage d’une dictature que d’une démocratie. Pourquoi un individu qui n’a pas de responsabilité politique particulière, qui est peut-être en désaccord avec les actes de son gouvernement, qui peut également en être victime, devrait-il être puni en raison de sa citoyenneté, et souffrir ainsi de l’anéantissement - en partie au moins - du travail et du rêve d’une vie, à savoir l’entraînement quotidien et les objectifs qui y sont liés ? (...)

l’événement sportif, les JO en l’occurrence, revendique comme valeurs fondatrices « l’excellence, le respect et l’amitié », et se prévaut d’une charte qui stipule que son but « est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ».

Les compétiteurs présents aux Jeux Olympiques ne sauraient dès lors être réduits à des corps performants. Ils incarnent également des consciences revendicatrices d’une morale dont la validité ne s’arrête pas aux limites d’un stade.

Or, à moins que le sportif choisisse de faire entendre sa voix singulière par un moyen particulier, ce qui est déjà arrivé, son expression est en grande partie réduite au drapeau sous lequel il se présente. Et son résultat, s’il est brillant, rejaillit sur le pays dont il porte les couleurs. Dès lors, si ce pays mène sur son territoire ou ailleurs des actions violentes, meurtrières, anti-démocratiques, illégales, ses représentants aux JO se retrouvent de fait associés à ces actions. Ici réside l’indépassable ambiguïté. l’événement sportif, les JO en l’occurrence, revendique comme valeurs fondatrices « l’excellence, le respect et l’amitié », et se prévaut d’une charte qui stipule que son but « est de mettre le sport au service du développement harmonieux de l’humanité en vue de promouvoir une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine ».

Les compétiteurs présents aux Jeux Olympiques ne sauraient dès lors être réduits à des corps performants. Ils incarnent également des consciences revendicatrices d’une morale dont la validité ne s’arrête pas aux limites d’un stade.

Or, à moins que le sportif choisisse de faire entendre sa voix singulière par un moyen particulier, ce qui est déjà arrivé, son expression est en grande partie réduite au drapeau sous lequel il se présente. Et son résultat, s’il est brillant, rejaillit sur le pays dont il porte les couleurs. Dès lors, si ce pays mène sur son territoire ou ailleurs des actions violentes, meurtrières, anti-démocratiques, illégales, ses représentants aux JO se retrouvent de fait associés à ces actions. Ici réside l’indépassable ambiguïté. (...)

On pourrait s’étonner que, contrairement au cas sud-africain, l’apartheid mené par Israël ne suscite pour l’instant aucune réaction du CIO. Cela s’explique par le soutien indéfectible que de puissantes diplomaties, à commencer par les États-Unis, expriment à l’égard d’Israël, quels que soient ses agissements.

Mais si le Comité International Olympique se refuse pour l’instant à sanctionner Israël pour sa politique de colonisation, d’occupation et de violation des droits des Palestiniens, il ne peut en revanche ignorer les massacres perpétrés quotidiennement par l’armée israélienne à Gaza depuis le mois d’octobre dernier. Il ne peut les ignorer puisqu’il a choisi de sanctionner deux autres pays pour des faits de guerre similaires, à la différence que le nombre de morts civils palestiniens est largement supérieur au nombre de morts civils ukrainiens. (...)

La campagne menée par l’armée israélienne, sous les ordres d’un gouvernement extrémiste opposé à la solution de paix à deux États, est une entreprise de terreur et d’effacement de population, attestée par des déclarations de membres du gouvernement et de militaires israéliens qui encouragent au nettoyage ethnique.

L’Afrique du Sud, soutenue par plusieurs pays, accuse Israël de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ). Un génocide qui se déroule en direct sur les réseaux sociaux, contrairement aux génocides récents du Rwanda et de Srebrenica, ce qui nous empêche de feindre l’ignorance. (...)

Ces images d’une population martyrisée sans la moindre pitié sont celles de l’horreur quotidiennement renouvelée que subissent des humains écrasés comme des insectes gênants qui, lorsqu’ils échappent aux bombes et aux balles, sont condamnés à survivre dans le dénuement le plus total.

En trois mois, près de deux millions de personnes ont été déplacées, soit la quasi-totalité de la population aujourd’hui prisonnière de la bande de Gaza, territoire dont toutes les structures de logement, de soin, d’éducation, d’assainissement, sont systématiquement et progressivement rasées. (...)

Paris peut-elle accueillir cet été des sportifs qui porteront le drapeau du pays qui se livre en ce moment-même à ces crimes sidérants ?

La réponse est non, et la France doit l’affirmer en demandant pour les sportifs israéliens le même traitement que celui réservé aux sportifs russes et biélorusses. (...)