
Le procès aux assises de trois Françaises parties en 2014 à Raqqa s’est ouvert lundi à Paris. Parmi elles, figurent Jennyfer Clain, 34 ans, nièce des frères Clain, figures de la propagande du groupe État islamique présumés morts en Syrie. Avec sa belle-mère et sa belle-sœur par alliance, elle encourt 30 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste.
Soupçonnées d’avoir appartenu au groupe État islamique (EI) en Syrie, trois femmes jihadistes jugées depuis lundi 15 septembre par la cour d’assises spéciale de Paris, ont d’emblée fait part de leurs "regrets", notamment la nièce des frères Clain.
Jennyfer Clain, aujourd’hui âgée de 34 ans, est la nièce de Jean-Michel et Fabien Clain. Les deux responsables de la propagande de l’EI présumés morts en Syrie, voix de la revendication des attentats du 13-Novembre, ont été condamnés en leur absence en 2022 à Paris à la perpétuité incompressible.
"Je ne suis pas là pour nier les faits qui me sont reprochés. J’ai adhéré à ce groupe terroriste, tueur. Je suis coupable. Je regrette tellement, mais je ne peux pas revenir en arrière" (...)
À ses côtés, sa belle-mère, Christine Allain, 67 ans, oscille entre clins d’œil, grands sourires et regard perdu, recroquevillée sur elle-même lorsque la présidente rappelle faits et charges. Son autre bru, Mayalen Duhart, est la seule des trois accusées qui comparaît libre, précisant qu’elle est désormais "salariée en boulangerie". (...)
Les trois s’étaient rendues à Raqqa en Syrie en 2014.
Jennyfer Clain rejoignait alors son mari, Kevin Gonot, choisi par son oncle Jean-Michel Clain et épousé à l’âge de 16 ans, devenu lui-aussi membre de l’État islamique. (...)
Devant ses juges, celle qui a gardé l’allure d’une grande adolescente a raconté une enfance en vase clos, marquée par un islam radical omniprésent. "Aujourd’hui, le fait que j’aie des enfants qui ont l’âge que j’avais à ce moment-là me montre que c’était pas mon choix, par exemple, de porter le voile à 10 ans", convient celle qui se dit toujours musulmane mais qui "rejette le communautarisme".
Volubile et souriante, Jennyfer Clain assure encore être "partie à Daech de (son) propre fait" et a "besoin aujourd’hui d’être libérée de tout ça".
À Raqqa, elle avait également retrouvé la mère du jeune homme, Christine Allain, une ancienne éducatrice spécialisée réputée sans histoire qui s’était convertie à l’islam quelques années plus tôt.
Autrefois sujette à la dépression, Christine Allain avait été initiée au Coran par son fils aîné, Thomas Collange, né en 1982 d’une première union, et qu’elle considérait comme "le sauveur".
Ce dernier avait également entraîné dans sa nouvelle foi sa compagne, Mayalen Duhart, d’abord rencontrée à l’adolescence dans son Pays basque natal, puis retrouvée à la faculté de Toulouse, où il avait fait la connaissance de Fabien Clain.
"Très rapidement, il m’annonce que je dois me convertir. Moi, je n’arrivais pas à faire ma vie sans lui", raconte-t-elle à la barre.
À partir de 2004, le couple Duhart-Collange s’était rendu à plusieurs reprises en Syrie, avant de s’y installer définitivement en 2014, trois ans après le début de la guerre dans ce pays.
"Désormais apaisée"
Christine Allain, Jennyfer Clain et Mayalen Duhart avaient été expulsées de Turquie et mises en examen à leur arrivée en France en septembre 2019, accompagnées de neuf enfants de 3 à 13 ans. Elles avaient été arrêtées deux mois plus tôt dans la province turque de Kilis, frontalière avec la Syrie (...)
"Christine Allain est désormais apaisée, elle a beaucoup travaillé sur elle-même, elle a rencontré beaucoup de professionnels en détention pour envisager la réinsertion sociale", a souligné auprès de l’AFP son avocat, Me Edouard Delattre. "Elle déteste la personne qu’elle était devenue", a-t-il ajouté.
Jennyfer Clain et Mayalen Duhart sont également poursuivies pour s’être soustraites à leurs obligations parentales, notamment pour avoir emmené volontairement leurs enfants "dans une zone en guerre pour y rejoindre un groupe terroriste".
Le procès doit se tenir jusqu’au 26 septembre.