
La tension est encore montée d’un cran entre le Hezbollah libanais et l’armée israélienne, après qu’un tir de roquette en provenance du Liban a causé la mort d’au moins douze jeunes, samedi, dans un village du plateau du Golan annexé. Israël a affirmé que le Hezbollah avait "franchi toutes les lignes rouges" après cette attaque meurtrière. L’Iran, soutien du Hezbollah, a mis en garde l’État hébreu contre les "conséquences" d’une attaque de représailles au Liban.
(...) "Toute action (...) peut conduire à l’aggravation" de "la guerre dans la région", a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Nasser Kanani.
Selon Israël, un tir de roquette depuis le Liban sur un terrain de football dans la ville de Majdal Shams a causé la mort samedi de 12 garçons et filles âgés de dix à seize ans, tandis que trente autres ont été blessés. La police a signalé dimanche qu’un garçon de onze ans était porté disparu. (...)
Quatre combattants du Hezbollah tués samedi au sud-Liban
Le tir est intervenu après l’annonce de la mort de quatre combattants du Hezbollah dans une frappe israélienne dans le sud du Liban. Samedi soir, le mouvement libanais a dit avoir lancé des roquettes en direction de positions militaires dans le Golan, dont une Falaq, avant de démentir être à l’origine du tir sur Majdal Shams.
Cette petite ville druze se trouve sur le plateau du Golan, région stratégique au carrefour de trois pays (Syrie, Liban, Israël) qui a été conquise en grande partie par Israël lors de la guerre israélo-arabe de 1967. Israël en a annexé les deux tiers en 1981 mais la communauté internationale n’a jamais reconnu cette annexion. (...)
Des milliers de personnes se sont rassemblées dans la ville dimanche pour les funérailles des victimes, durant lesquelles des femmes vêtues d’abayas noires et de voiles blancs se sont massées autour des cercueils. (...)
Mise en garde de l’ONU
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a condamné l’attaque et appelé "toutes les parties à la plus grande retenue". L’Union européenne a réclamé une "enquête internationale indépendante", Berlin a appelé à "agir avec sang-froid" et le Royaume-Uni a dit craindre une "escalade".
Le président français Emmanuel Macron a assuré dimanche à Benjamin Netanyahu que la France était "pleinement engagée à tout faire pour éviter une nouvelle escalade dans la région", lors d’un entretien téléphonique.
Le Liban a appelé à une "enquête internationale" et prévenu qu’une attaque israélienne contre son territoire pourrait provoquer un embrasement régional. L’Égypte, l’un des pays médiateurs dans la guerre à Gaza avec le Qatar et les États-Unis, a averti "des dangers de l’ouverture d’un nouveau front au Liban".
La Syrie a elle dénoncé les "fausses accusations" d’Israël à l’encontre du Hezbollah.
"Il peut s’agir d’un tir manqué ou d’un missile de défense israélien censé intercepter une cible aérienne", a estimé Riad Kahwaji, directeur de l’Institut du Proche-Orient et du Golfe pour les analyses militaires (Inegma).
Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah, allié du Hamas, échange quotidiennement des tirs avec l’armée israélienne de part et d’autre de la frontière israélo-libanaise.
Dimanche, le mouvement a évacué des positions au Liban après les menaces d’Israël, selon une source proche du Hezbollah. (...)
Dimanche, la Défense civile a affirmé qu’une frappe israélienne avait touché des tentes dans le camp de déplacés d’Al-Mawasi, près de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, tuant au moins cinq personnes. L’armée a annoncé avoir appelé des habitants d’al-Bureij et al-Shuhada, dans le centre du territoire assiégé, à évacuer, affirmant qu’elle allait y intervenir "avec force".
Le chef de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens, Philippe Lazzarini, a déclaré sur X que "seulement 14 % des secteurs de Gaza ne sont pas soumis actuellement à des ordres d’évacuation", accusant Israël de provoquer "des ravages et de la panique".
Après l’échec de multiples négociations sur une trêve associée à une libération d’otages, une réunion de représentants des pays médiateurs avec le chef du renseignement israélien devait avoir lieu dimanche à Rome.
Considéré comme une organisation terroriste par Israël, les États-Unis et l’Union européenne, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, accuse Benjamin Netanyahu de bloquer tout accord.