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INFO BLAST : La présidente Metsola et les 49 eurodéputés fraudeurs
#UE #parlementEuropeen
Article mis en ligne le 9 juin 2024
dernière modification le 8 juin 2024

La présidente du Parlement européen Roberta Metsola cherche-t-elle à camoufler des infractions et des faits délictueux commis par des eurodéputés ? D’après les informations de Blast, l’Office européen de lutte anti-fraude (l’OLAF) a identifié dans la mandature sortante pas moins de 49 parlementaires auteurs de malversations au préjudice de l’UE. Les rapports d’enquête sont rangés dans des coffres fermés à double tour. La forteresse de Bruxelles conserve bien ses secrets et règle ses affaires en interne. Sans vagues.

Le 20 septembre 2023, à Bruxelles, Michèle Rivasi livre une de ces batailles dont elle a nourri toute sa vie son engagement. L’eurodéputée (groupe des Verts/Alliance libre européenne) a décidé de mettre les pieds dans le plat encore une fois. Une de plus, tant pis pour les éclaboussures.

La scène a pour cadre une séance de la commission du contrôle budgétaire du Parlement européen. Cette fois, son indignation et sa vindicte ciblent l’Office européen de lutte anti-fraude (l’OLAF).

Ses collègues du Parlement européen ne sont pas surpris. L’élue écolo, 70 ans, a son franc parler, aucun d’eux ne le découvre. Mais ce jour-là, personne ne le sait, c’est comme un testament que la Française délivre du 3ème rang de l’amphithéâtre réservé au travail des commissions. Celui d’une élue et d’une femme de conviction, militante de la transparence et adversaire coriace de l’opacité.

Le 29 novembre 2023, Michèle Rivasi décède brutalement, d’une attaque cardiaque alors qu’elle s’apprête à rejoindre l’assemblée où elle aura siégé 14 ans durant.
L’OLAF dans ses petits souliers

Le 20 septembre 2023, au fil de son intervention, l’eurodéputée Rivasi lâche une bombe. En évoquant un souvenir récent : « On avait eu une discussion avec le président de l’OLAF qui nous avait dit « on a 50 dossiers sur les députés européens (...) on a les preuves qu’il y a eu des phénomènes de corruption »... et l’OLAF a été bloqué par le comité d’éthique et par la présidente du Parlement ». Silence autour d’elle. (...)

Blast a décidé de prendre à bras le corps le sujet avec l’idée d’y voir plus clair. Et cette double ambition : définir la hauteur de la barre (telle que la fixent l’UE et ses instances) et comprendre ce qui a valu à ces eurodéputés indélicats un rapport à leur nom siglé OLAF. De quoi susciter notre curiosité légitime au moment où le continent appelle ses citoyens au vote. (...)

selon les informations de Blast, les malversations - considérées par Monika Hohlmeier comme des infractions ou délits de « petite envergure » - concernent l’usage à des fins personnelles de lignes budgétaires du Parlement.

Autre découverte, la liste des députés incriminés comporte un nom célèbre : celui de l’eurodéputée Éva Kaïli. La Grecque, connue pour sa passion pour l’argent liquide et sa collection de billets de banque, y figure cette fois pour des faits sans rapport avec le scandale du Qatargate. (...)

D’après nos sources, pour solder ces histoires, Roberta Metsola a simplement demandé aux députés confondus de rembourser les sommes détournées afin de « préserver la réputation du Parlement ». S’en tenant là, sans autre conséquence pour les fraudeurs. Une méthode – qu’on peut qualifier de coup d’éponge – apparemment courante pour régler ce genre de situations, qui touchent l’ensemble des groupes parlementaires européens.

« Généralement quand le Parlement se rend compte lui-même, ou par l’intermédiaire d’organismes comme l’OLAF, de certains abus, il demande simplement le remboursement, de l’argent, confirme à Blast Nicholas Aiossa, de Transparency International. Sans passer à l’étape suivante pour savoir si cela a été fait de manière frauduleuse. » (...)

Ne pas s’interroger : la meilleure façon de ne pas avoir de réponse. Directeur de Transparency International EU, Aiossa n’est pas plus étonné que ça d’apprendre que Blast n’a pas eu de réponse à des questions pourtant légitimes. Il le confie au passage, l’ONG a « également des difficultés pour savoir ce que le Parlement a fait de[s] plaintes » qu’elle a « déposées, notamment sur des conflits d’intérêts. » (...)

Cette histoire édifiante montre combien la transparence est une bataille qui reste à mener à Bruxelles et Strasbourg, et celle de la probité par écho. Au-delà des discours officiels et leur dérivé administratif léthargique. Surtout après le choc du Qatargate et les secousses des récents développements de l’actualité sur les opérations d’ingérence étrangère. (...)

l’affaire des 49 eurodéputés fraudeurs braque le projecteur sur un paradoxe : publiquement, le Parlement et l’UE affichent des positions tranchées, exhibant des règlements qui paraissent adopter les normes éthiques les plus élevées ; dans la pratique, la barre est placée si haut et le tamis si resserré qu’elles... jouent contre leur camp.

Elles reviennent à écarter et blanchir des pratiques incontestablement délictueuses. Ainsi filtrés, cette matière, ces comportements indélicats et ces délits sont invisibilisés. Et au final normalisés comme par un coup de baguette magique. (...) (...)